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Le présent film, second long-métrage de Leyla Bouzid après A peine j’ouvre les yeux (2015), a clos de belle manière la dernière Semaine de la Critique cannoise (60 printemps cette année). Son titre même, a eu valeur de promesse : passée, présente et à venir. Nous suivons ici les prémices d’une relation amoureuse entre Ahmed, jeune homme de 18 ans d’origine algérienne et Farah, fraîchement arrivée à Paris depuis Tunis, pour poursuivre ses études de Lettres. C’est d’ailleurs sur les bancs de la fac que ces deux-là se rencontrent. Si lui semble réprimer ses sentiments au nom d’une pudeur maladroite, elle, vit plus librement, plaçant une certaine insouciance au cœur de tout. Farah initie notamment Ahmed à la littérature érotique arabe, bousculant un peu plus ses certitudes, jusqu’à créer un déséquilibre. A travers eux, Leyla Bouzid explore avec une finesse remarquable les tourments inhérents à l’adolescence et les doutes qu’ils suscitent. Le contexte social est évidemment crucial. Aussi sûr que nous sommes les enfants de nos parents, Ahmed doit composer avec un héritage familial fait de non-dits et de frustrations. Fils de déracinés algériens installés en banlieue, son père est plongé dans un certain mutisme qui rejaillit inévitablement sur son fils. Farah va dès lors s’employer à déverrouiller cet impossible amant. La mise en scène emprunte de sensualité, filme ses corps en mouvement et accompagne leur chemin intérieur pour que s’exprime cet amour et ce désir, enfin détachés de tout ce qui pouvait les retenir prisonniers.