Damien Chazelle, Margot Robbie et Brad Pitt racontent Babylon dans Première

Le réalisateur et les stars du film se sont confiés sur la fabrication de ce film, et sur l’état actuel du cinéma.

Quatre ans après First Man - le premier homme sur la Lune, Damien Chazelle a fait cet hiver son grand retour au cinéma avec Babylon. Un film sur les débuts de Hollywood qui avait fait la couverture de Première en janvier 2023. S'il a fait un flop aux Etats-Unis, il a passé le million d'entrées en France, confirmant la popularité de son auteur, mais aussi des stars Margot Robbie et Brad Pitt, chez nous.

Alors que Canal + profite que le réalisateur soit président du jury de la Mostra de Venise pour rediffuser cette oeuvre à 21h10, nous repartageons cet extrait de notre dossier spécial consacré à Babylon.

Nous avions pu rencontrer le prodige franco-américain de 37 ans, plus jeune lauréat de l’Oscar du meilleur réalisateur (pour La La Land, en 2017), de passage à Paris en octobre 2022 pour la promotion du film. Une oeuvre fleuve de plus de 3 heures qui nous replonge dans les folles années 1920 de Hollywood. Une période marquée par les excès et les frasques (entre alcool, cocaïne, sexe et scandale) d’une industrie encore balbutiante qui allait être bouleversée par la transition du muet au parlant. "Babylon, c’est la version cauchemardesque de Chantons sous la pluie", résume le cinéaste à propos de son nouveau long-métrage, sorti en France le 18 janvier 2023.

Babylon raconte le destin croisé de trois personnages (une star de cinéma, une actrice débutante et un assistant rêveur), et à travers eux la crainte perpétuelle de disparition qui habite le 7e art depuis sa naissance. Une angoisse qui renvoie évidemment à la situation actuelle du cinéma, de nouveau dans une inquiétante phase de transition. Mais pour Damien Chazelle, il ne faut pas paniquer. 

"Cette peur a effectivement toujours été présente, reconnait-il dans nos pages. Elle est là depuis le début, depuis Lumière qui disait qu’il n’y avait pas d’avenir pour le cinéma. Puis il y a eu la menace de la radio, de la télévision, des cassettes vidéo, des DVD, etc. Le cinéma est mort vingt fois déjà ! Pourtant, cette impression perdure que le cinéma est fragile et qu’il y a quelque chose qu’on pourrait perdre. C’est peut-être pour ça que je suis optimiste. Je pense que le cinéma durera toujours. Avec le cinéma muet, néanmoins, on a vraiment perdu quelque chose. Quelque chose de profond. La tragédie, c’est que le cinéma muet était un art qui venait d’atteindre un sommet. Un sommet sublime ! Pensez à des gens comme Murnau, Stroheim, Flaherty, Sternberg : ils étaient en train de créer l’idéal du langage universel dont on rêvait. Et puis le son est venu et tout a changé, et peut-être pas pour le meilleur…"

"C’est assez passionnant d’observer que le cinéma, régulièrement, est bouleversé par des changements technologiques autant que sociétaux", appuie Margot Robbie, que nous avons également pu interviewer. "Les deux vont souvent de pair. Quand on parle de la transition du muet au parlant, on a tendance à oublier que cette révolution technique s’accompagnait aussi d’une transformation de la société, et de l’image que la société voulait renvoyer d’elle-même par le biais du cinéma. Aujourd’hui aussi, le cinéma fait face à des bouleversements sociétaux autant que technologiques, avec le streaming, notamment, qui a complètement changé la donne."

"En ce qui me concerne, c’est la plus grosse révolution à laquelle j’ai assisté au cours de ma carrière, plus importante encore que l’explosion du cinéma indépendant dans les années 90", nous confie pour sa part Brad Pitt, lui aussi concerné par "l’énorme bouleversement provoqué par le streaming". 

Voici la bande-annonce de Babylon, à revoir ce soir sur Canal + :