Jusqu'où ira Un p'tit truc en plus ? C'est déjà le 5e plus gros succès français depuis 15 ans

Ayant tout juste doublé Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?, Artus vise à présent les 7,4 millions d'entrées de La Famille Bélier. Et il bat des records en province !

"7 millions de mercis ! Merci, merci, merci pour cette folle aventure !"

Le palier des 7 millions d'entrées est franchie pour Un p'tit truc en plus, ce qui ravit son créateur au plus haut point.

Jusqu'où ira la comédie d'Artus ? Battant record sur record depuis sa sortie le 1er mai dernier, elle vient de dépasser les 6,7 millions d'entrées de Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?, en 2019. Ce qui lui permet d'intégrer un nouveau palier symbolique en intégrant le top 5 des plus gros succès français de ces 15 dernières années. Depuis 2009, seuls Intouchables, Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?, Rien à déclarer et La Famille Bélier ont fait mieux. 

Voici les détails, communiqués par ComScore :

1. Intouchables a enregistré 19 273 333 entrées depuis décembre 2011
2. Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? a enregistré 12 366 862 entrées depuis avril 2014
3. Rien à déclarer a enregistré 8 138 745 entrées depuis février 2011
4. La Famille Bélier a enregistré 7 452 080 entrées depuis décembre 2014
5. Un p'tit truc en plus a enregistré 7 millions d'entrées depuis le 1er mai 2024 (en cours)
6. Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ? a enregistré 6 721 637  entrées depuis janvier 2019
7. Les Tuche 3 a enregistré 5 688 474  entrées depuis janvier 2018
8. La Ch'tite famille a enregistré 5 627 770 entrées depuis février 2018
9. Le Petit Nicolas a enregistré 5 608 770 entrées depuis septembre 2009
10. Les Petits mouchoirs a enregistré 5 457 251 entrées depuis octobre 2010

Pour intégrer le top 20 des plus gros cartons français de tous les temps, cette comédie réussie sur le handicap devra passer la barre des 8,6 millions de tickets. Ce qui semble sur le papier parfaitement possible !

De nombreuses productions hexagonales présentes dans ce top sont sorties dans les années 1940 à 1960 : La Grande vadrouille, Le Petit monde de Don Camillo, Le Corniaud, La Guerre des Boutons, Les Misérables..., ou dans les décennies 1980/1990 : Les Visiteurs, Trois hommes et un couffin, Le Dîner de cons, Le Grand bleu, L'Ours... Mais au sein des œuvres françaises récentes, Un p'tit truc en plus figure déjà en bonne place parmi les plus gros succès de ces quinze dernières années.

Depuis 2009, on trouve dans ce top 10 deux films de Dany Boon : Rien à déclarer, donc, mais aussi La Ch'tite famille (et rappelons que Bienvenue chez les Ch'tis est devenu le plus gros succès français de tous les temps il y a 16 ans avec plus de 20 millions de billets de cinéma écoulés en France), deux opus du Bon Dieu, et neuf comédies, Les Petits mouchoirs de Guillaume Canet étant le film le plus sombre de la liste, fort de 5,4 millions d'entrées. Un p'tit truc en plus est le seul film distribué par Pan, les cinémas Pathé et Gaumont étant en majorité ici (5 films du top 10). C'est d'ailleurs le plus "petit" film du lot, avec son budget de 6,4 millions d'euros : La Famille Bélier en avait coûté près de 11 millions il y a dix ans, les Bon Dieu sont estimés à 12 et 16 millions, Intouchables à un peu moins de 10, le Canet à 15... Trois oeuvres de ce classement traitent enfin du handicap : Intouchables, La Famille Bélier et Un p'tit truc en plus.

En battant récemment les 4,6 millions d'Astérix et Obélix : L'Empire du Milieu, le film d'Artus est devenu le plus gros succès français depuis l'épidémie de Covid ; 200 000 spectateurs plus tard, il prenait la première place du top de l'année, et a à présent creusé l'écart avec Dune 2, puis il a largement participé à faire du mois de mai 2024 le plus fréquenté depuis dix ans, avec 15 millions d'entrées enregistrées sur cette période. Transposées en dollars, il a franchi les 50 millions de recettes début juin, et entre ainsi dans le top 20 des plus gros succès de 2024 dans le monde, alors que seuls ses scores en France sont pour l'instant comptabilisés. Figurant depuis 7 semaines dans ce classement mondial, il atteint à présent 64 millions de dollars de recettes.

Un succès de province

D'abord proposé sur 455 écrans, le film a vu sa distribution s'étendre petit à petit, jusqu'à en atteindre 1092, après avoir explosé les compteurs le 1er mai. Jusqu'ici, il s'est maintenu au-delà du million d'entrées par semaine, excepté sur ses 7 derniers jours, où il en ajoute "seulement" 800 000. Après son démarrage exceptionnel, il s'est même offert le luxe de faire mieux après 3 semaines en salles qu'à ses débuts !

Pour le moment, seuls 3% de ses recettes viennent des copies parisiennes (environ 165 000 tickets), et 11% en comptant la périphérie (670 000), mais la capitale et sa banlieue rattrapent petit à petit leur retard : cela fait trois semaines qu'Un p'tit truc en plus est également en tête du classement parisien. Sorti avec une forte concurrence (La Planète des singes : Le Nouveau Royaume, puis Furiosa, etc.), le film a d'abord cartonné en province, et pas forcément dans des grandes villes : les cinémas où il fonctionne le plus fort sont le CGR de Saint-Saturnin, près du Mans, et le Cinéville de La Roche-sur-Yon, devant les multiplexes de Lille, Lyon ou Nantes. Pour trouver le premier cinéma de banlieue où la comédie fonctionne le mieux, il faut descendre à la 29e place, et celui des Halles, situé au cœur de Paris, est 60e.

"Dès le départ, il a fonctionné très fort en province, et il a encore du potentiel !, nous assure Eric Marti, le general manager de chez ComScore, site spécialisé dans le box-office. Sur Paris, son départ plus faible est sans doute lié au fait qu'il est sorti en période de grande concurrence, il n'était pas surexposé, il a été distribué comme une 'petite' comédie française.

Puis on a vu le bouche à oreilles fonctionner, sa moyenne augmenter progressivement. Le film était sur toutes les lèvres au moment du festival de Cannes, par exemple, même sans être en compétition. Petit à petit, on a vu son succès en province déteindre sur Paris, et en cinquième semaine, Un p'tit truc en plus est arrivé en tête du classement parisien. Il y reste depuis, donc il peut encore évoluer. La Fête du Cinéma arrive bientôt, c'est évident qu'il va profiter des tarifs réduits, puis il y aura les JO, et là c'est tout un nouveau public qui pourrait s'y intéresser, des touristes qui auraient entendu parler de son succès, par exemple..."

"C'est donc aussi un succès à Paris, poursuit l'analyste, même si le box-office est très spécifique dans la capitale. Et qu'il évolue rapidement. Il y a moins de dix ans, un gros succès faisait en moyenne 15% de ses entrées à Paris. Aujourd'hui, ça tourne plutôt autour de 10%. Cela s'explique notamment par l'argent investi dans les salles de toute la France, l'équipement est globalement de très bonne qualité, et l'offre cinématographique aussi, chez nous. Si bien qu'on voit la part de marché augmenter en province en général, et le phénomène qui se joue autour de ce film en particulier vient synthétiser tout cela. Un p'tit truc en plus illustre parfaitement le fait qu'on a pas besoin d'un succès parisien pour faire un succès national, mais aussi l'inversion de l'ordre habituel de la fréquentation : un succès national peut parfaitement devenir un succès parisien."

Artus est devenu "accro aux chiffres"

C'est la confession que nous a faite son co-scénariste, acteur principal et réalisateur en rigolant lors du dernier festival de Cannes :

"Le premier soir était fou. Je n'ai jamais suivi les chiffres, donc je ne me rendais pas compte. [...] Et quand on a fait 280 000 le premier jour, on s’est dit : ‘Ah, je crois qu’il y a un truc qui se passe’”, raconte le réalisateur, avant de poursuivre : “Tous les jours, je regarde les chiffres maintenant. Je suis devenu accro. Et je me dis : ‘Ça va redescendre, ça va se calmer’. Et là on fait une troisième semaine qui est plus haute que la première, donc ça remonte. Je trouve ça fou."

Face à un tel phénomène, les rumeurs de remake américain se font grandissantes, surtout après le succès de Coda aux Oscars, le film qui s'inspirait justement de La Famille Bélier. Pour l'instant, Artus n'a rien annoncé de concret, mais le succès impressionnant de sa comédie sur le handicap a déjà permis de faire un petit peu bouger les choses. Suite à sa montée des marches lors du dernier festival de Cannes, où il avait dû porter l'un de ses comédiens (Sofian Ribes, atteint d’une maladie génétique autosomique récessive), des travaux vont être effectués afin que le Palais des festivals soit à présent accessible pour les personnes à mobilité réduite.

Un p'tit truc en plus est toujours en salles. Voici sa bande-annonce :