Même l'alchimie entre Emma Stone et Andrew Garfield ne sauve pas le film de Marc Webb.
Alors qu'Emma Stone vient de recevoir l'Oscar de la meilleure actrice pour La La Land, on pourra la retrouver ce soir sur TF1 dans The Amazing Spider-Man 2, la suite du reboot des aventures de L'Homme-Araignée. Un épisode porté par un duo sympathique (l'actrice était alors en couple avec son partenaire dans le film Andrew Garfield, et leur complicité se ressent à l'écran), qui tente de multiplier les scènes fun, quitte à se perdre en route. Voici la critique publiée à sa sortie, en avril 2014.
The Amazing Spider-Man devait relever un défi difficile : tenter de faire ami-ami avec des fans déçus par l’idée d’un reboot de la saga, surtout après le camouflet du troisième film de Raimi. Malgré son énorme handicap de départ et de nombreux défauts, on était quand même très loin de la catastrophe annoncée. Du coup, on attendait The Amazing Spider-Man 2 avec un mélange d'espoir et de scepticisme. Et ?Les aventures de Peter Parker (Andrew Garfield), encore tiraillé entre l'amour de sa chérie Gwen (Emma Stone) et son job d'été de superhéros, sont toujours plaisantes à regarder. Visuellement, s'entend : les zigzags entre buildings à haute altitude font leur effet, et Marc Webb s'est enhardi niveau scènes d'action. Les combats avec Jamie Foxx déguisé en ampoule sont plus qu’efficaces et donnent un bon coup de fouet aux aventures du teenager. Ça n'a l'air de rien, mais c'est essentiel pour comprendre la seule qualité de cet épisode. Là où Sam Raimi avait tenté de préserver la tragédie que Stan Lee insufflait au personnage dans les comics originaux, Webb lui, ne pense qu'au fun. Il cherche à rendre compte du plaisir immense, enfantin, que peut ressentir un ado qui se balance de liane en toile dans les rues de New York, l'espèce de bravoure naïve (et bouffonne) qu'il peut mettre en scène face à un pilleur de banque ou un scientifique zinzin. De ce point de vue là, le film est une vraie réussite.
La La Land : et Emma Stone rejoint les étoiles
A côté de la plaqueMais là où Webb rate son film, c'est dans son incapacité à mettre en scène la subtilité du personnage. Son trait d'union : contrairement à Superman, qui s’écrit d’un seul bloc (de granit), Spider-Man est coupé en deux par un tiret. Homme-araignée : adolescent boutonneux-héros arachnéen. Raimi avait réussi l'équilibre dans son premier épisode. Webb ici tombe à côté de la plaque. Et tout le reste fout le camp avec la disparition du tiret. La quête de vérité sur le mystère de la disparition des parents Parker débouche sur une résolution qui n'en est pas une ; l'évolution d'Harry Osborn (Dane DeHaan) de gentil bouffon à méchant crétin dépasse la vitesse de la lumière ; Electro est un méchant de dessin animé pour le meilleur mais aussi pour le pire, les seconds rôles n'existent jamais… Pareil pour la relation entre Peter et Gwen qui sonne creux malgré deux comédiens qui brûlent la pelloche. Alors ?Alors, on est très vite obligés de se faire à l'idée que The Amazing Spider-Man 2 n'existe que dans le but d'étendre l'univers du héros et lancer les grandes lignes qui serviront à développer les spin-off. Plusieurs personnages n'apparaissent à l'écran que parce qu'ils vont devoir enfiler des costumes dans un avenir proche, mais cela relève finalement du gadget (Félicia ? Rhino ?). Mais la vraie déception vient du traitement d'une des scènes qui aurait dû être la plus forte de la mythologie Spider-Man et qui tombe comme un cheveu sur la soupe. C'est finalement là le plus rageant : à la fois film d'acteurs (quand ils sont bons, ils sont super) et blockbuster ludique, la version du personnage de Webb et Garfield reste sympathique ; on a envie d'y croire, mais impossible d'en garder grand chose. Et le surplus de personnages, les enchaînements expéditifs, les impératifs du studio qui priment sur le reste, bref le côté "Marvel Studios wannabe" expliquent sans doute ce sentiment… Il ne reste qu'à espérer que l'Araignée retombe sur ses pattes dans le troisième opus.
Yérim Sar
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