Au prochain printemps

Il y a de quoi être désarçonné par cette ballade vagabonde dans les provinces françaises où, entre quelques transitions contemplatives, une poignée de citoyens sont invités à donner leur avis improvisé sur l’état du pays, son économie, son industrie, ses injustices. Ce qu’ils disent semble parfois gratuit, l’intervieweur oriente certaines réponses avec une insistance trop marquée… Mais la construction du film le dirige mine de rien vers un « twist » qui remet en cause ce qu’on vient de voir avec une malice et une intelligence toute politique.

Des instantanés qui, grâce à un montage réfléchi et à une belle maîtrise de l'écriture cinématographique, dressent un passionnant portrait humaniste de la diversité sociologique de l'électeur français.

Cette charmante leçon de choses (vues) a néanmoins le défaut du zapping, au nom duquel un clou en chasse constamment un autre.

Un portrait en creux de la France, au moment de la campagne présidentielle de 2007 ? Sacré défi, relevé par un réalisateur aussi rêveur que motivé (...) La campagne présidentielle, le vote, tout cela est relégué en arrière-fond. Et lorsque les résultats sont annoncés en direct, dans une épicerie arabe ou, pour le second tour, au moment de la soupe chez un couple de retraités, c'est tout juste s'ils ne passent pas inaperçus. Comme si cette flânerie citoyenne révélait surtout la sensation de se sentir étranger dans son propre pays.

On suppute que le film a attendu près de 5 ans pour trouver un distributeur. Mais, pour autant, cet instantané d'un France qui s'apprêtait à élir un Nicolas Sarkozy apporte un écho à l'échéance de mai prochain. D'abord par sa dissection sociologique et humaine du résultat précédent, ainsi que par la mesure rétrospective d'un rendez-vous manqué.

Aucune ambition sociologique là-dedans, une simple déambulation (...). Le résultat ressemble à un kaléidoscope tournant sur une heure et demie de film.