Toutes les critiques de Dédales

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Début 2022, on avait été épaté par Unidentified de Bogdan George Apetri, un polar implacable mettant scène un flic machiavélique prêt à tout pour se venger de la femme qui l'avait quitté, découvert sur la plate- forme Universciné. On attendait donc avec impatience de découvrir le nouveau film du cinéaste romain, cette fois- ci sur grand écran. Dédales fonctionne comme une valse à deux temps. Dans un premier chapitre, on accompagne une jeune novice quittant son monastère pour un mystérieux rendez- vous en ville avant de subir une brutale agression. Dans le second, on suit l'inspecteur de police menant l'enquête sur celle- ci avec un zèle qui tourne à l'obsession. Bogdan George Apetri confirme ici son talent à créer une atmosphère à couper au couteau, où réalisme brut et surnaturel inquiétant, rationalité et spiritualité ne font qu'un. Il sait aussi très bien jouer avec le rythme de son récit, prenant le temps d'en dévoiler les mystères et secrets (à commencer par celui de son héroïne) sans rien sacrifier à une quelconque efficacité. Pour autant, le résultat se révèle moins impressionnant que dans Unidentified. La faute sans doute à un procédé (de longs, très longs tunnels de dialogues pour mieux noyer le poisson) un peu trop visible et redondant – et source de longueurs - quand son précédent film jouait sur une sauvagerie, une brutalité plus physique que cérébrale. Comme si Apetri se regardait un peu trop filmer au lieu de simplement lâcher les chevaux. Comme si en collant plus au cinéma de ses brillants compatriotes Mungiu, Puiu, Porumboiu & co, il perdait un peu de sa singularité. Mais son auscultation de la société roumaine d'aujourd'hui ne manque pour autant pas d'intérêt.