Première
par Sophie Benamon
It must be heavencommence là où Le temps qu’il reste(le précédent film de son réalisateur) finissait. À Nazareth, dans la maison de sa mère où notre héros découvre que son voisin vient tailler et arroser son citronnier sans lui demander son avis. Une métaphore à peine voilée des relations compliquées avec le voisin israélien. Et le point de départ parfait d’une oeuvre souvent drôle et totalement désespérée, pour laquelle Elia Suleiman a retrouvé la grâce d’Intervention divine. Il y a beaucoup de Monsieur Hulot dans le personnage qu’interprète le cinéaste palestinien. Chapeau vissé sur la tête, lunettes qui soulignent son look de Droopy, il promène sa dégaine nonchalante, sans dire un mot, à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil. Dans l’avion en direction de Paris, les turbulences donnent lieu à une séquence de comédie très réussie. A-t-il atteint là le paradis dont il a rêvé ? Les filles sont belles et les flics mesurent les terrasses. Oui, mais le producteur refuse de financer un film qu’il ne trouve « pas assez palestinien ». Le Français le veut combattant. Alors, exit Paris, cap sur New York. Big Apple sera-t-elle la terre de tous les possibles ? Pas sûr : les femmes font leurs courses kalachnikov en bandoulière et les productrices refusent les conflits... De ville en ville, Suleiman offre une revue de détail du surréalisme au quotidien d’une poésie folle, sublimée par une mise en scène au cordeau et la beauté des cadres éclairés par Sofian El Fani (La Vie d’Adèle, Timbuktu…). Welcome back, M. Suleiman !