-
En RDA, un peintre fuit les diktats de l’art officiel. Une réflexion sur la liberté plombée par son académisme.
Après le triomphe international de La Vie des autres, Florian Henckel von Donnersmarck avait tenté l’aventure américaine, avec le bien nommé (et très raté) The Tourist. Il revient aujourd’hui à la maison avec cette fresque très ambitieuse embrassant trente ans d’histoire allemande, des années 30 aux années 60. L’Oeuvre sans auteur a l’apparence d’un biopic mais n’en est pas vraiment un : von Donnersmarck s’est inspiré de la figure du peintre Gehrard Richter (célèbre notamment pour ses "photos peintures") pour inventer un personnage fictif, Kurt Bartnet, apprenti artiste ayant grandi dans l’Allemagne nazie et qui, devenu peintre dans la RDA de l’immédiat après-guerre, doit se plier aux impératifs de l’art officiel alors qu’il rêve d’expression personnelle. Cette réflexion sur l’art et la liberté prend la forme d’une saga romanesque fleuve (3 h 10 tout de même), aux rebondissements feuilletonesques : le jeune peintre tombe amoureux d’une belle Allemande (Paula Beer) dont le père (Sebastian Koch), dignitaire soviétique, est un ancien médecin nazi qui stérilisait des femmes pendant la guerre et a envoyé la tante de Kurt dans les camps de la mort… Le film entremêle la longue quête de l’épiphanie artistique de Kurt, le portrait d’un pays, et un suspense autour de l’ancien bourreau, bientôt rattrapé par son passé. Une surcharge narrative pas toujours bien dosée et qui donne au tout un côté légèrement bourratif. Le petit charme suranné du film aurait sans doute mieux opéré sous la forme d’une série historique de prestige.