Mauvaise nouvelle pour les fans de Robert Pattinson : la Rob-Mania devrait se déplacer pour devenir une Taylor-Mania. Du nom de Taylor Lautner, l’autre acteur mâle de la saga. Il s’impose aisément, puisque Pattinson est aux abonnés absents – en comptant large, il n’apparaît que quinze minutes dans Twilight : Tentation. Il n’est pas le seul. Tout ce qui n’a pas trait à la pâmoison de Bella pour Edward ( une virée de dernière minute en Italie chez les Volturi- plus proches à l’écran de comploteurs pour sous-Da Vinci Code que de la lignée ancestrale de vampires annoncée- apparition d’autant de personnages secondaires que de monde dans un H&M le samedi après-midi) n’est que prétexte. Des interférences venant avorter toute tentative d’approche du moindre sujet qui ferait défaillir un mormon - de la simple sexualité entre ados à une potentielle bigamie- . Normal on n’est pas là pour voir Bella monter une partie fine avec ses deux prétendants dans les bois, mais la voir surmonter décemment ses peines de cœur. Quitte à ce que soit sur un ton, lourdement asséné, façon « les mœurs adolescentes pour les nuls ». De quoi avoir envie de rebaptiser ce chapitre Twilight : Consternation.
Surtout quand au lieu de s’attaquer au sujet de fond (une émancipation féminine, construisant un personnage de fille devenant forte et mature malgré elle ) Chris Weitz et ses scénaristes lui préfèrent une intrigue cousue comme un string de fil blanc, confinée la plupart du temps à une compilation de clichés ultra-réducteurs. Notamment en ce qui concerne la charge érotique du film. Twilight : Fascination était agaçant dans son insistant prêche pour l’abstinence, mais y gagnait à la longue un – très relatif- charme en laissant s’installer la langueur d’une tension sexuelle inassouvie. Moins prude, Twilight : Tentation est un grand déballage de subterfuges navrants (cf : la trouvaille pour que Jacob enlève son T-shirt et exhibe, aussi ostensiblement que les rugbymen sur un calendrier, une musculature de rêve). Tout est à l’avenant de cette tiédeur de roman Harlequin pour ados. Principalement la mise en scène. Si l’on pouvait reprocher au premier Twilight une forme de téléfilm du dimanche après-midi, quand sa suite daigne faire du cinéma, c’est pour les mêmes artifices que le moindre clip pour slow de variet’. A vrai dire c’est presque la seule trace d’honnêteté de ce pensum : quand il assume de n’être que des raccourcis, des énormes ficelles. Que Twilight : tentation soit un film réservé aux collégiennes, pourquoi pas, qu’il soit aussi scolaire dans la forme comme dans le fonds reste confondant.