Le film avec Lady Gaga et Bradley Cooper a déjà été adapté trois fois au cinéma.
L’histoire est toujours la même : une jeune artiste rêvant de gloire fait la connaissance d’une star sur le déclin. Ils tombent amoureux. Alors qu’elle devient célèbre, lui finit par sombrer dans l’oubli… Cet argument de tragédie est celui de A Star is Born, le film musical avec Bradley Cooper et Lady Gaga attendu le 3 octobre prochain. Mais il a déjà été raconté trois fois sur grand écran – en 1937, 1954 et 1976. Et est devenu, à force, l’un des mythes les plus endurants de l’histoire du cinéma. Focus sur les différentes versions d’Une Etoile est née.
Une étoile est née (William Wellman, 1937)
Avec : Janet Gaynor et Fredric March.
Le contexte : C’est la fin des années 30, David O. Selznick, producteur du film, va bientôt mettre en chantier Autant en emporte le vent, Hollywood règne sur l’imaginaire mondial. Le show-business devient un sujet de cinéma.
Trivia : La phrase « Toute ressemblance avec des personnes réelles ne serait que pure coïncidence », inscrite au début du film, était inhabituelle à l’époque. Elle est bien sûr totalement mensongère (le film s’inspirait de la relation compliquée entre Barbara Stanwyck et son époux alcoolique Frank Fay).
C’est bien ? Pour les puristes, le meilleur Une Etoile est née, c’est celui-ci. La version la plus épurée et cohérente du mythe.
A voir en double programme avec : What Price Hollywood ? (George Cukor, 1932), déjà produit par Selznick, et qui raconte la même histoire.
Une étoile est née (George Cukor, 1954)
Avec : Judy Garland et James Mason.
Le contexte : Mi-fifties, Hollywood fait face à la montée en puissance de la télé : c’est l’heure du CinémaScope, du Technicolor et des dépenses pharaoniques. Une étoile est née 1954 se voit allouer l’un des plus gros budgets de tous les temps (pour l’époque).
Trivia : Mutilé par la Warner contre l’avis de Cukor, le film reste plein de trous, même dans son édition blu-ray « définitive ».
C’est bien ? Un chef-d’œuvre, fleuve, épique, délirant d’ambition et déchirant de beauté.
A voir en double programme avec : New York, New York (Martin Scorsese, 1977), avec la fille de Judy Garland, Liza Minnelli. Scorsese s’était fait projeter le Cukor trois fois avant de se lancer dans le tournage de son propre musical.
Une étoile est née (Frank Pierson, 1976)
Avec : Barbra Streisand et Kris Kristofferson.
Le contexte : Depuis les sixties, les pop stars sont les nouveaux demi-dieux. L’intrigue ne se passe donc plus dans le monde du cinéma mais dans celui de la musique.
Trivia : Le film est écrit par Joan Didion et son mari John Gregory Dunne. Produit par Barbra Streisand et son mari (et coiffeur) Jon Peters. Sans doute la raison pour laquelle la réplique finale sonne plus féministe que dans les deux versions précédentes.
C’est bien ? Un peu déséquilibré. Streisand, fabuleuse, vole toutes les scènes et transforme le film en one-woman show. Mais l’atmosphère hippie-chic a son charme.
A voir en double programme avec : Funny Girl (William Wyler, 1968), le premier film de Streisand, déjà une variation sur Une Etoile est née.
A Star is Born (Bradley Cooper, 2018)
Avec : Lady Gaga et Bradley Cooper.
Le contexte : Les stars brillent moins qu’avant, l’industrie musicale est exsangue, les réseaux sociaux font paniquer l’entertainement mondialisé… Une Etoile est née peut-elle encore faire rêver ?
Trivia : Pour les scènes de concert du film, Bradley Cooper a joué face à la foule du festival anglais de Glastonburry et emprunté pendant quatre minutes la scène de… Kris Kristofferson (star de la précédente version).
C’est bien ? Bradley Cooper corrige toutes les erreurs de la version de 76 et joue à fond la carte du mélo pop. Gaga rayonne. Difficile de résister.
A voir en double programme avec : Honkytonk Man (Clint Eastwood, 1982), parce que Bradley Cooper semble y avoir trouvé sa dégaine de chanteur country décavé. Et parce qu’Eastwood, fan notoire de William Wellman, tournait avec Honkytonk Man son « Une Etoile est morte ».
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