« Elle a l’air d’être vierge ». C’est peut-être Meryl Streep qui exprime le mieux l’immuable innocence d’Amy Adams. Une vierge de 39 ans qui serait capable de perdre à plusieurs reprises sa virginité – et de toujours la retrouver donc. Avant d’incarner avec un naturel confondant une princesse dans une production Disney, la comédienne était « la salope de service » (dans des teen-movies oubliables essentiellement) comme elle le rappelait à un journaliste américain qui s’inquiétait qu’elle ne s’enferme dans des rôles de « gentille fille naïve ». Une salope dont elle explore le potentiel jouissif dans American Bluff, le faux film d’arnaque mais vrai portrait de personnages de David O. Russell qui vient de lui valoir un Golden Globe.Merveilleusement nuancée sous ses traits, cette adorable salope est une amoureuse amorale qui arnaque les gens en nourrissant des scrupules, séduit mais a du mal à tromper, cherche son bonheur mais ne veut pas faire souffrir. Elle réussit l’exploit d’être à la fois le cœur (battant) et le centre de gravité du tourbillon orchestré par O. Russell, autour duquel évoluent Christian Bale, Jennifer Lawrence, Bradley Cooper et Jeremy Renner sans jamais pouvoir s’aligner. Chevelure de feu et affolants décolletés en lamé, la bonne Amy devient femme fatale avec la même aisance que celle qui lui avait permis de donner corps, littéralement, à une princesse de dessin animé. C’était en 2007 dans l’étonnante production Disney Il était une fois, périlleux mélange animation / prises de vue réelles qui aurait pu s’étouffer de mièvrerie – une princesse est bannie de son royaume magique de dessin animé et atterrit à Manhattan dont elle va s’efforcer de réenchanter la morose réalité - mais fonctionne miraculeusement par la grâce de l’actrice. La naïveté absolue de son regard alliée à un sens du timing et un talent comique dénué de toute ironie la rendent crédible et drôle là où les 299 autres actrices ayant auditionné pour le rôle (true story) auraient sans doute été grotesques. Peut-être parce qu’elle croit sincèrement en ce type de personnages : « j’aime l’idée qu’on fasse le choix d’être joyeux » affirme sans aucun sarcasme celle dont le modèle s’appelle Julie Andrews.Si le succès mondial d’Il était une fois a fait d’elle une star du jour au lendemain, l’actrice avait pourtant émergé depuis longtemps. En 2005, la touchante femme enceinte du drame indé Junebug lui valait sa première nomination (sur un total de quatre) à l’Oscar du meilleur second rôle. Trois ans avant, elle donnait la réplique à DiCaprio dans Arrête-moi si tu peux, le rôle qui, aux dires de Steven Spielberg lui-même, « aurait dû lancer sa carrière ». Pourtant non. Après avoir trimé huit ans dans des dîners-spectacles à travers trois états américains, alors qu’elle cachetonnait au cinéma ou à la télé depuis plusieurs années, Amy Adams devait encore attendre son tour. Fighter, dans lequel David O. Russell s’efforçait déjà de la débarrasser de ses oripeaux de princesse, puis surtout The Master, où sa pureté ingénue n’a jamais été aussi retorse (elle est, derrière « le maître » Philip Seymour Hoffman, l’illuminée qui tire les ficelles), la mirent sur la bonne voie. Puis elle fut la fille de Clint Eastwood (Une nouvelle chance), et la fiancée de Superman (Man of Steel) – c’est-à-dire de toute l’Amérique. American Bluff, qu’elle embrase de sa présence, devrait être le point de non-retour. « On va tous les entuber » affirme-t-elle à son complice Christian Bale dans ce polar tragi-comique 70’s de David O. Russell. On en redemande.Vanina Arrighi de CasanovaAmerican Bluff de David O. Russell avec Christian Bale, Amy Adams, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence, à découvrir demain dans les salles : En vidéos : De Belle à mourir à American Bluff, Amy Adams en 10 rôlesDavid O. Russell : "Regarder un film, c'est comme prendre un antidépresseur"
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Amy Adams, de la princesse Disney à la femme fatale d'American Bluff
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