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Un mélo noir et labyrinthique porté par une actrice formidable.

Une femme fantastique trouve et explore les chemins qui relient les cinémas de David Lynch et Pedro Almodóvar, à partir de leur point commun -leur amour pour une forme de cinéma classique, sirkien, qui carbure à la dynamique entre mélo/film noir. Lorsqu'Orlando, son amant plus âgé, meurt brutalement, la jeune Marina essaye de découvrir les derniers secrets d'Orlando tout en affrontant la famille du défunt (et, partant, une bonne partie de la société) qui la rejette. Marina se retrouve dans un labyrinthe obscur fait d'impasses et de chausse-trappes, traversant avec douleur la nuit chilienne (nous sommes à Santiago, très joliment filmée comme un dédale de constrastes nocturnes) pour trouver le droit d'exister.

Film à clef
C'est, à l'arrivée, aussi bien un film d'énigme à résoudre (mais que peut bien ouvrir cette clef numérotée ?) qu'un beau récit d'affirmation : Daniela Vega, la femme fantastique du titre, est bel et bien fantastique de naturel et de détermination oscillante, finit par trouver son identité au bout d'un long tunnel fait de violences et d'humiliations. Et la caméra de Sebastián Lelio, auteur d'un Gloria déjà remarqué en 2013, a du style, qui déborde parfois (une scène de boîte de nuit surstylisée en fait des caisses), mais tient de bout en bout le mystère de son sujet et de son objet.

Bande-annonce d'Une femme fantastique, en salles le 12 juillet :