Une œuvre inspirée de faits réels avec un Jake Gyllenhaal impressionnant de sobriété.
Il y a quelques mois sortait Traque à Boston, action movie dopé à l'adrénaline dans lequel Mark Wahlberg coursait contre la montre les auteurs des attentats du marathon de Boston, perpétrés en 2013. Loin de la chasse à l'homme effrénée, David Gordon Green revient à son tour sur cette tragédie en racontant la vie de Jeff Bauman, un trentenaire de la lower middle class tout ce qu'il y a de plus banal, fan des Red Sox et de Bud light, qui va voir sa vie basculer après avoir perdu ses jambes lors de l'attaque terroriste. On s'attendait à ce que Stronger verse dans le sentimentalisme exacerbé et le patriotisme XXL. Mais Gordon Green choisit de délivrer non pas le portrait d'un homme essayant de se reconstruire après l'horreur mais bien de se construire tout court. Un récit initiatique recherchant l’énergie azimutée et l’humanité débridée des meilleurs David O. Russell, type Fighter ou Happiness Therapy. Propulsé héros national sans qu’il comprenne très bien pourquoi, Bauman n'est finalement qu'un grand enfant incapable de quitter sa mère pour s'engager avec sa petite amie.
Tranche de vie
Dans les starting-blocks pour les Oscars (il n’a pas finalement pas été sélectionné…), Jake Gyllenhaal ne force pourtant jamais le trait dans la peau du survivant et livre une performance feutrée et intimiste, porteuse d’une fragilité qui n'est pas sans rappeler son premier grand rôle à l'écran, Donnie Darko. Non sans humour et émouvant juste ce qu’il faut, Stronger est au final plus une tranche de vie porteuse d'espoir qu'un tract pro-Oncle Sam. Ce qui n'est pas plus mal.
François Rieux
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