Sorry to bother you
Annapurna Pictures

Le premier film de Boots Riley est boudé en Europe.

Petite surprise de l’été au box-office américain, Sorry to Bother You n’a toujours pas trouvé de distributeur en France. Plus globalement, le premier film de Boots Riley a un mal fou à trouver preneur en Europe, et il n’y a guère qu’en Suède qu’il a déjà une date de sortie (le 2 novembre), une situation qui commence à sérieusement agacer son réalisateur, qui s’en est ému sur Twitter en partageant un article du Hollywood Reporter.

En résumé, le film, qui raconte l’histoire improbable d’un télévendeur noir qui parvient à prendre une voix de blanc, serait trop afro-américain pour le marché européen, un argument discutable si l’on en juge le succès sur le vieux continent de long-métrages comme Black Panther, Get Out, 12 Years a Slave, Moonlight, Straight Outta Compton ou tout récemment BlacKkKlansman, pour ne citer que quelques exemples.

Mais, au-delà de cette situation, ce sont les arguments avancés par le Français Philippe Aigle, président d’Ocean Films Distribution, qui ont froissé Boots Riley. "La distribution indépendante est devenue très fragile", se défend Philippe Aigle dans le papier du THR. "Donc un film très afro-américain, avec un casting inconnu ici et aucune exposition dans les grands festivals européens c’est un gros risque pour n’importe quel distributeur". Après avoir vu la bande-annonce de Sorry to Bother You, il s’est tout simplement dit : "c’est pour Netflix".

Des "propos stupides" que Riley s’est empressé de dénoncer sur son compte Twitter : "les stars de Thor : Ragnarok, Call Me By Your Name, L’Arme Fatale et Expendables sont connues en Europe", rétorque le cinéaste, faisant référence à la présence de Tessa Thompson, Armie Hammer, Danny Glover ou Terry Crews dans son film. Et si Lakeith Stanfield, qui tient le rôle principal, n’est pas encore très connu en France, on l’a vu dans Get Out (plus d’un million d’entrées chez nous) ou dans Atlanta, la série de Donald Glover acclamée par la critique.

Boots Riley promet par ailleurs que des dates internationales seront bientôt annoncées, on devrait donc enfin savoir si le film aura le droit à une sortie en salle en France, où s’il finira effectivement sur Netflix, qui n’hésite pas à récupérer les petits films indépendants boudés par les distributeurs.