Le Hobbit : Un voyage inattendu reviendra demain soir sur France 2.
En 2012, le retour de Peter Jackson sur la saga du Seigneur des Anneaux était l'événement cinéphile du moment. Nous avions rencontré l'équipe à l'occasion de la sortie du premier épisode du Hobbit, qui sera rediffusé demain, à 20h55, sur France 2.
Interview du 7 décembre 2012 : C'est lui le Hobbit. C'est son voyage et son premier grand rôle au cinéma. Abonné aux seconds rôles de séries british exceptionnelles (The Office et Sherlock), Martin Freeman passe à la vitesse supérieure en devenant le héros de la trilogie la plus attendue du moment. Rencontré sur le tournage (il avait encore son costume de Hobbit sur lui), Freeman revient sur cette aventure extraordinaire à sa manière : cool et laid back
Propos recueillis par Gaël Golhen
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Martin, tu te souviens du moment où tu as appris que tu serais Bilbo ? D’autant mieux, que ça c’est fait en deux fois. Quand j’ai eu le premier coup de fil de Peter (Jackson NDLR) m’apprenant que je serai son Bilbo, j’étais fou, limite hystéro. Mais, comme tu le sais, il y a eu des délais de production et le tournage a été décalé. J’ai dû faire le deuil de cette aventure et je m’étais fait une raison. Je m’apprêtais même à détester le Hobbit et surtout l’acteur qui allait me remplacer. Du coup, quand Peter m’a rappelé, j’étais, non pas heureux, mais presque soulagé ! Et très honoré qu’il accepte de calquer le tournage du film sur mon emploi du temps !
Ca fait quelle impression de se voir en Hobbit ? Cette barbe, ces cheveux... C’est pas un peu étrange ? Etrange ? C’est un euphémisme. Je pensais arriver et choisir mes vêtements, imaginer un peu le look du personnage pour me l’approprier, sauf que je suis tombé sur une armée de geeks qui avait déjà tout prévu. Il a fallu que je passe devant la creative team de Peter. Et ces mecs ont un avis précis et définitif sur tout ce qui a trait aux hobbits. La taille des pieds, la couleur de la veste, la longueur des cheveux... Crois moi, tu ne veux pas rentrer dans une discussion sur la longueur des oreilles d’un Hobbit avec ces gens-là. C’est flippant... Ils ont quand même été sympas et ont fait attention à ce que ça reste confortable. Parce que, franchement, t’as vu mes pieds ? Quand j’ai vu la taille des trucs qu’ils voulaient me coller au bout des jambes j’ai eu TRES peur.
Ian Holmes ne t’avais pas briefé ? Non... Ca va te paraître étrange, mais, il se trouve que je ne l’ai jamais rencontré. Je n’aurais pas aimé être influencé par ses choix. Attention : j’adore ce qu’il a fait et j’ai revu les trois films pour nourrir le rôle.... Mais dans La trilogie du Hobbit, c’est mon Bilbo. C’est mon voyage. Ca ne m’a pas empêché, à certains moments du tournage, de penser à lui, d’imaginer comment il aurait pu aborder telle scène... mais il fallait vraiment que je m’approprie le rôle.
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Et alors, il est comment ton Bilbo ? Au début de l’histoire, c’est un jeune homme qui a vécu tranquillement à Hobbiton. Il a pris peu de risques. C’est un pilier de sa communauté, mais il n’a jamais eu à se battre, ou a faire des choix. Au fond, il a une existence très banale, même si je sais qu’il a fait du sexe...
La scène est dans le film ? Non... mais j’essaie de convaincre Peter de l’écrire. Bref, son voyage est une épreuve qui l’amène à se découvrir et qui va transformer sa vie. Pour toujours.... T'as vu, c’est beau comme la voix off de la bande-annonce, ce que je te raconte ! Donc, à la fin des trois films, les gens comprennent qu’il vaut mieux que l’image qu’il renvoie. Son voyage est à la fois littéral et métaphorique. Merde, ça sonne encore comme un trailer... C’est impossible de te pitcher quoique ce soit d’intéressant sur Bilbo, je suis désolé.
Pourtant, j’imagine que l’idée de travailler ce personnage a été le moteur de ton implication dans le film. Bizarrement, ce qui m’a tout de suite plu, c’est moins Bilbo que l’histoire et son scope. En tant qu’acteur, je suis toujours plus curieux de l’histoire que des personnages. Parce que tu peux hériter d’un perso super, mais dans une histoire de merde. Et dans ces cas là, tout le monde s’en fout. Evidemment Bilbo est un matériau génial, mais je ne l’ai toujours pas craqué. Je cherche encore le coeur de ce héros et il se construit au fur et à mesure....
Tu as la pression ? Aucune. Peut-être parce qu’on est 40 000 à faire ce film. Je n’ai que la pression habituelle, celle que je ressens quand je fais n’importe quel film ou pièce de théâtre... Ce n’est pas mon film, c’est celui de Peter. Je suis juste là pour faire de mon mieux. Et je veux rester le plus loin possible de la folie qui va se produire quand le film va sortir. Je sais bien que c’est le voyage de Bilbo, mais ce n’est pas moi qui réalise et je n’ai pas écrit le scénario non plus... J’ai adoré le tournage, ce fut dur, parfois compliqué, mais la pression est là pour tout le monde et de la même manière. Parce que le défi est énorme.
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C’est quand même le plus gros tournage de ta carrière... D’un point de vue logistique c’est certain. Du point de vue du jeu aussi. Garder le tempo, l’esprit de Bilbo quand tu es couvert de poil, de boue, de neige... C’était parfois compliqué. Mais j’essaie de relativiser tout ça, de normaliser ce truc un peu bizarre au fond. Dès fois, ça te rattrape. Tu prends du champ et tu te dis : “putain, je joue dans le Hobbit” ! Là, c’est dingue... Mais, je dois rendre grâce à Peter d’avoir su rendre les choses vivables. C’est vraiment grâce à lui que ça reste humain. Et vrai. Tu ne me croiras pas, mais j’ai parfois l’impression d’être sur le tournage d’un film d’étudiant fauché... Son enthousiasme, son énergie, sa simplicité déminent la folie ou l'impression de gigantisme. Même si c’est totalement surréaliste, que tu te trouves sur les plus grands plateaux du monde, de l'autre côté de la terre, tout a l’air absolument normal. C'est un film d’étudiant fauché, mais qui couterait un bras (rires). Ou pour être plus précis, disons qu’il y a un demi milliard de dollars sur ce film normal. La seule chose, c’est que Peter ne porte pas cette somme sur lui; de toute façon, ce serait trop lourd et il aurait besoin d’une trop grosse valise...
Pour revenir au jeu, j’imagine que la promesse du film - l’équilibre entre la comédie et le voyage initiatique plus dark - était excitante... Pour l’instant, le ton est plus comique que sombre. Mais je pousse Peter pour explorer la dark side du Hobbit. Il m’assure que ça va venir ! Mais tu as raison, c’est ce que j’aime. C’est un super challenge d’alterner du light et du sérieux, le tout sur le même beat. Quand les choses sont séparées, ça me paraît suspect. Je ne connais pas de grands mélos sans moment plus légers. Pareil pour les grandes comédies où il y a toujours des moments plus dark. Les deux doivent coexister. Parce que c’est comme ça dans la vie, c’est le même souffle... et pour avoir lu le livre, je crois que les fans attendent vraiment ce mélange.
Ce qu’ils attendent surtout, c’est ta confrontation avec Gollum. C’était comment ? Ce fut l'une des premières scènes tournées. On ne va pas se mentir : ces scènes sont les plus intéressantes du film. C’est passionnant de regarder à l’intérieur d’un arbre, d’accompagner une armée de nains entre des racines de baobab, de faire une cascade sur un fond vert ou de marcher le long d’un rail de travelling... Mais ça n’a rien de comparable avec le fait de se retrouver face à Andy Serkis. J’ai joué 9 minutes face à lui. C’était... c’était génial. C’est une des raisons qui m’ont fait signer pour Le Hobbit. Andy Serkis, Ian McKellen, Cate Blanchett... Andy est un acteur impressionnant et Gollum un personnage que les gens adorent. Et ça pour le coup, c’était intimidant. Parce que t’es face à un acteur de très haut niveau qui connaît sa partition mieux que personne. C’est le moment où je me suis un peu senti comme la pièce rapportée. J’avais vraiment la sensation d’être le petit nouveau qui débarque dans son nouveau collège... Mais au bout de quelques jours j’étais dedans.
Tu as suivi des entraînements particuliers ? Tu veux savoir si j’ai rencontré des vrais hobbits pour me documenter ? La réponse est non ! Par contre, j’ai fait un peu d’escrime et d’équitation. Et puis il a surtout fallu que j’apprenne à tromper l’ennui. Parce que c’est long, qu'on est loin de tout. C’était ça le plus dur... L’éloignement et l’impression de solitude.
Extrait du making-of dément du Hobbit :
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