La Ministre de la Culture, Rachida Dati et Judith Godrèche ont réagi au report de la sortie du film...
Après les accusations de Judith Godrèche contre le réalisateur, la sortie du film de Jacques Doillon semble compromise. CE2, produit par Arena Films et distribué par les Acacias, devait initialement sortir le 27 mars. Le producteur du film, Bruno Pésery avait pris la parole pour défendre la sortie inchangée du long-métrage, quelques jours auparavant, mentionnant l’impossibilité d'adapter la sortie "à un calendrier judiciaire". Le Film Français a recueilli des propos exclusifs du producteur.
"Lorsque nous avions décidé de maintenir cette date, nous espérions que la part soit faite entre les faits reprochés à Jacques Doillon qui remontent à 40 ans, et un film qui est le fruit du travail d'une équipe, dont une grande partie n'était pas née il y a 40 ans. Nous nous sommes trompés. Il ne nous semble aujourd’hui ni possible, ni souhaitable de maintenir cette date de sortie", indique Bruno Pésery.
CE2 est donc reporté sine die. Le producteur souhaite néanmoins voir le film en salles : "Le moment n'est plus le bon, mais une sortie dans les salles ne saurait être remise en cause. Un film n'est pas le fait d'un auteur unique, mais bien une œuvre collective. Tout ne peut pas disparaître du fait de la mise en cause du réalisateur."
Une des principales actrices du film, Nora Hamzawi, avait verbalisé son opposition à la sortie du film : "La sortie du film de Jacques Doillon dans lequel j'ai tourné il y a quatre ans, est maintenue. Cette décision constitue un mépris de la parole des femmes. Ce qui se passe dans le milieu du cinéma, et qui je l'espère s'étend à d'autres milieux, est essentiel et important. C'est la chose à soutenir en priorité aujourd'hui", avait-elle déclaré sur Instagram.
D'autres actrices accusent Jacques Doillon d'agressions sexuelles, parmi elles, Isild Le Besco et Anna Mouglalis. Cette libération de la parole survient suite à la déclaration de Judith Godrèche au micro de France Inter. L'actrice de 51 ans a révélé le stratagème d'un réalisateur prêt à incarner un rôle dans son propre film pour profiter de son actrice : "Sur le tournage, c’était hallucinant. Il a engagé un acteur, on a commencé le tournage et il l’a viré. Et il s’est mis à la place. Et puis tout d’un coup il décide qu’il y a une scène d’amour, une scène de sexe entre lui et moi..."
Judith Godrèche accuse aussi Jacques Doillon d'avoir abusé d'elle à 15 ans : "Tout d'un coup, il décide qu'il y a une scène de sexe entre lui et moi, et on fait 45 prises" #le710Inter pic.twitter.com/2THOf1FgBE
— France Inter (@franceinter) February 8, 2024
Bruno Pésery a souhaité répondre à Nora Hamzawi :
"Le choix de maintenir la date de sortie ne témoignait pas d'un mépris de la parole des femmes, comme nous l’avions dit. Il s'agissait de respecter le travail d'une équipe à laquelle Nora a appartenu. Et quand elle souhaite que ce qui se passe dans le cinéma s’étende à d’autres milieux, elle oublie le sujet de CE2, le harcèlement en milieu scolaire, dont la prise de conscience est très importante si l’on veut vivre dans une société moins tolérante vis-à-vis des agressions de toutes sortes"
Il poursuit : "Je viens de l'exploitation et de la cinéphilie. Beaucoup d'exploitants remettaient en cause la possibilité de sortir le film. Je ne crois pas qu'ils exprimaient une volonté de censure. Ils sont préoccupés vis-à-vis du contexte actuel rendant difficile l'exposition d'un film (...) A aucun moment, il ne s'agit de se détourner ou de minimiser les accusations portées contre Jacques Doillon, mais il est très important que l’on revienne rapidement aux principes du droit, car seule l’institution judiciaire offre des garanties aux deux parties. On ne peut pas traiter une personne qui fait l’objet d’une plainte ou d’une mise en examen, comme un condamné", a-t-il tenu à préciser.
Dominique Besnehard tacle Nora Hamzawi, "cette mauvaise"Invitée chez France Culture, la Ministre de la Culture, Rachida Dati, s'est dite "gênée" par ce report de sortie, justifiant une "punition collective".
"La liberté de création doit être absolue, mais la pédocriminalité ce n'est pas un art, les violences sexuelles ce n'est pas de l'art (...) Je suis plus gênée par rapport à la sanction collective - punir tout un film, de punir tous les artistes sous diverses formes en raison d'un comportement inapproprié ou illégal, pénalement répréhensible, d'une personne (...) Nous sommes dans un pays de responsabilité individuelle, pas de responsabilité collective", a déclaré la Ministre de la Culture.
Judith Godrèche a pris la parole ce matin devant le Sénat, expliquant que "Tout le monde sait que dans l’industrie du cinéma, un agresseur déguisé en réalisateur fait souffrir les petites filles, pour qu’elles pleurent pour de vrai. Cet agresseur déguisé en réalisateur, leur donne rendez-vous également dans une chambre mansardée (…) C’est là qu’il prend possession d’elles pour de vrai."
L'actrice a donné son avis sur le report de la sortie de CE2, elle a déclaré : "Cette question de savoir si le film doit sortir ou pas, la réponse est dans la question. L’actrice principale n’a même pas envie de participer à la promotion de ce film. En ce qui me concerne, je n’ai jamais pu séparer l’homme de l’œuvre"
La comédienne compte insuffler un nouveau climat dans le milieu du cinéma, en soumettant la demande suivante : "Je me permets de vous demander de constituer une commission d’enquête contre les violences sexuelles et sexistes dans le milieu du cinéma."
Des propos qui font écho à son discours puissant des César :
César 2024 - Judith Godrèche : "Depuis quelque temps, je parle, mais je ne vous entends pas"
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