Presque un siècle de cartoons, de films, de BD de jeux-vidéo, de films… On a gardé le meilleur de la souris.
Le plus punk
Steamboat Willie (1928) (Court-métrage)
L’histoire de Mickey commence et s’arrête ici. Impossible de pousser le bouchon plus loin que dans ce cartoon où il commence par piquer la barre du bateau de Pat Hibulaire avant d’y remorquer Minnie par la culotte (non sans avoir pris le soin dans un premier temps de soulever sa jupe). Après ça, ce sont les animaux qui morflent: une pauvre biquette transformée en boite à musique, un chat qu’on fait tournoyer dans les airs par la queue, une truie dont on pince les mamelles pour la faire hurler... Trop c’est trop: Mickey finit à la corvée de patates.
Le plus insoumis
Mickey’s good deed (1932) (Court-métrage)
La crise de 29 est passé par là: la souris facétieuse est devenu un clochard sympa qui se les gèle un peu le soir de Noël. Sur sa route, il croise un gamin bourgeois au physique de petit cochon (mais oui !) qui tombe en pâmoison devant Pluto. Il exige alors de son papa (un gros porc, évidemment) qu’il sorte les billets pour lui offrir le toutou, qui mettra leur maison sens dessus-dessous. La lutte des classes racontée façon cartoon et l’esprit gnangnan de Noël pulvérisé par les studios Disney. Fou.
Le plus Caligari
The Mad Doctor (1933) (Court-métrage)
Fini la rigolade. Un savant fou qui vit dans un château gothique capture Pluto pour le découper en morceau avant de lui greffer un corps de poulet. Mickey part à sa rescousse en se perdant au milieu de couloirs sans fin, de cadres penchés et d’ombres expressionnistes. Le gag du coucou-squelette détend un peu l’atmosphère au moment où tout ceci fini par devenir vraiment irrespirable. Les gamins de 33 n’ont jamais dû se remettre de ce truc.
Le plus frimeur
Mickey’s gala premier (1933) (Court-métrage)
C’est la première du nouveau cartoon de Mickey et le tout-Hollywood se retrouve sur le tapis rouge. Un exercice de style pirandellien avec film dans le film, deus ex machina et tout ce qui va avec, le tout tartiné d’une pluie de stars caricaturées pour l’occasion. Les Marx Brothers, Chaplin, Maurice Chevalier, Clark Gable, Bette Davis, Joan Crawford : ils sont venus ils sont tous là, ravis de serrer la pogne de la plus grande star de l’époque. Un ego-trip insurpassable.
Le plus psyché
A travers le miroir (1936) (Court-métrage)
Dans les années 20, Disney avait déjà librement adapté Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, une des grandes obsessions de sa vie. Le long métrage animé n’arrivera qu’en 51, soit quinze ans après cette variation géniale où Mickey passe à travers le miroir de sa chambre pour atterrir dans un monde psyché. Il y fait en même temps des claquettes et de la corde à sauter (et ce, grâce au fil d’un téléphone) avant de se battre contre des cartes à jouer- qu’il mitraillera finalement au stylo-plume. Le cartoon conçu comme un acide.
Le plus historique
L’Apprenti sorcier (1940) (sketch issu de Fantasia)
Malgré un bide retentissant à sa sortie, tout ici est devenu très iconique : la robe de bure rouge, les balais qui ressuscitent, le chapeau bleu-lune, le sorcier qui écarte les eaux ou la rencontre entre Mickey et Leopold Stokowski en ombre chinoise. C’est l’une des plus belles (et des plus chères) rêveries de l’Oncle Walt, c’est surtout la rencontre entre une star de l’industrie pop-corn et le monde de l’art. C’est l’instant décisif où la pop culture trouve sa place dans les musées.
Le plus tordant
Iga biva, l’homme du futur (1947) (Bande dessinée)
L’Histoire a décidé que le chef d’œuvre officiel de Floyd Gottfredson serait Mickey contre le fantôme noir, et l’Histoire a sûrement raison. N’empêche : on peut avouer un gros faible pour cet origin story d'Iga Biva, le personnage le plus attachant de l’univers BD de Mickey, sorte de Jacquouille qui viendrait du futur, faisant des siestes sur des stalagmites, prenant son bain dans une machine à laver et se déplaçant dans des bulles de chewing-gum. Comment ne pas l’aimer ?
Le plus plate-forme
Castle of Illusion (1990) (Jeu-vidéo)
Au fond du trou en termes de popularité, Mickey est extirpé des limbes par les équipes de Sega. Castle of Illusion pique beaucoup aux champions plate-forme de l’époque (c’est-à-dire Sonic et Mario) et propulse le tout dans l’imagerie Disney. Mickey en profite pour devenir une valeur sûre du jeu vidéo (de World Of Illusion aux Epic Mickey, il y en a eu des bons) et s’offrir une cure de jouvence quelques mois avant l’ouverture de Disneyland Paris. La Mickeymania est de retour dans les cours de récré.
Le plus revival
Mickey Mouse Shorts (Depuis 2013) (série)
Comme son nom l’indique un peu, cette série télé va très vite. Cadencés à trois minutes maximum, les 70 et quelques épisodes qui la composent sont autant d’haïkus supersoniques carburant au nonsense ravagé. Chapeautée par plusieurs disciples de Genndy Tartakovsky, d’où le style visuel fulgurant, cette collection réenvisage Mickey comme le garnement gaffeur de ses tout débuts, sans autre boussole morale que son simple bien-être.
Le plus geek
La jeunesse de Mickey (2016) (Bande dessinée)
C’est le sommet du genre fanfiction : la collection « Disney by Glénat » donne depuis 2016 à des auteurs francophones la possibilité d’imaginer une aventure inédite de Mickey. Quelques chefs-d’œuvre sont déjà parus (le Mickey’s Craziest Adventure de Trondheim et Keramidas, Une mystérieuse mélodie de Cosey). Mais le plus époustouflant est peut être cet objet signé Tebo, à la fois hommage geek à La jeunesse de Picsou de Don Rosa et défouloir comique qui fait mal aux côtes.
Première a consacré un dossier aux 90 ans de Mickey dans le magazine n°490, actuellement en kiosques (avec Les Animaux fantastiques 2 en couverture).
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