"Streets of Philadelphia" : le clip inoubliable de Bruce Springsteen et Jonathan Demme
Sony Music Publishing

Pour patienter jusqu'à la rediffusion du film avec Tom Hanks et Denzel Washington, sur France 5.

Andrew Beckett, brillant avocat, est appelé à une carrière fulgurante. Adulé par son milieu, rien ne semble pouvoir ralentir son ascension, mais le jour où ses associés apprennent qu'Andrew est atteint du sida, ils n'hésitent pas à prétexter une faute professionnelle pour justifier son renvoi. Andrew décide alors de ne pas se laisser faire et attaque le cabinet pour licenciement abusif...

Sorti en 1993, Philadelphia fit sensation en devenant l'une des oeuvres grand public les plus emblématiques sur la question du SIDA, sujet encore tabou pour une bonne partie de l'opinion. Plaidoyer pour la tolérance et contre la stigmatisation des malades, le film est inspiré de la vie de l'avocat Geoffrey Bowers, licencié à cause de sa séropositivité en 1987. Ce drame réussi de Jonathan Demme, qui réalisa près de trois millions d'entrées en France, reviendra ce soir sur la 5e chaîne. Il marqua à l'époque la consécration pour Tom Hanks, qui remporta l'Ours d'Argent du meilleur acteur à la Berlinale, le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique et surtout le premier de ses deux Oscars du meilleur acteur consécutifs (avec Forrest Gump un an plus tard).

Philadelphia a aussi marqué le public grâce à son tube, "Streets of Philadelphia", interprété par Bruce Springsteen. A la mort du réalisateur, au printemps 2017, Première le classait d'ailleurs parmi les cinq exploits accomplis par Jonathan Demme à Hollywood : "Philadelphia, c’est bien sûr la perf’ oscarisée de Tom Hanks, la volonté de briser les tabous en parlant de sida et d’homophobie dans le cadre d’un mélo mainstream… Mais c’est aussi, surtout, les nappes de synthé chialantes et le beat hypnotique du “Streets of Philadelphia” de Springsteen, une ballade que Demme commanda lui-même au Boss (et qui valut un Oscar à celui-ci). Le réalisateur en profita pour tourner le clip, d’une simplicité déchirante, qui colle aux basques du chanteur le long des rues de Philly, pendant que s’élève les chœurs gospel et que les larmes coulent sur nos joues. Nu, beau, désarmant : la musique est superbe et le clip, lui, est un miracle d’iconographie prolétaire américaine, comme un chaînon manquant entre Les Raisins de la colère et The Wire." 


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C'est effectivement le réalisateur du Silence des Agneaux qui fut à l'origine de cette collaboration, qui devint l'un des plus gros succès du chanteur et musicien. Surtout en Europe : le morceau fut n°1 en France et en Allemagne, et n°2 des charts au Royaume-Uni, alors que dans son pays d'origine, il ne dépassa jamais la 9e place du Billboard Hot 100. Entendue dès l'ouverture du film, "Streets of Philadelphia" figurait bien sûr sur sa bande originale, dès 1993, par ailleurs composée par Howard Shore (mondialement célèbre pour ses BO du Seigneur des Anneaux), puis elle a cartonné en single à partir de février 1994. Aux Oscars de cette année-là, elle a donc remporté la statuette de la meilleure chanson, face à un concurrent qui n'en était pas tout à fait un : Neil Young était en lice cette année-là pour un autre morceau conçu spécialement pour ce film et sobrement appelé "Philadelphia". Notez qu'au début des années 1990, Disney remportait quasi-systématiquement ce prix honorifique : en 1990 pour "Sous l'océan" de La Petite sirène, en 1992 pour "La Belle et la bête" du dessin animé éponyme, en 1993 pour "Ce rêve bleu" d'Aladdin et en 1995 pour "L'Amour brille sous les étoiles" du Roi Lion. Avec "Sooner or Later (I Always Get My Man)", gagné par Stephen Sondheim pour Dick Tracy en 1991, Bruce Springsteen fait figure d'exception.


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