Un nouveau trailer international place le film sur le terrain de l’épique et du souffle martial. Et pourquoi pas : les voies du marketing sont impénétrables.
On en parle dans le prochain numéro de Premiere (en kiosque le 4 janvier, qu’on se le dise) : Silence, en salles le 8 février, est un film d’une puissance et d’une intelligence folle. Une œuvre rêvée par Scorsese pendant des années et qui pose de nombreuses questions (sur la foi, le pouvoir, le martyr) plus qu’il n’impose une vision. Un film à la beauté fragile, à l’intelligence impressionnante et à la mise en scène envoûtante… Adaptée du roman de Shusaku Endo, l’action se situe au XVIIème siècle. A Lisbonne, deux jésuites, Rodrigues (Andrew Garfield) et Garrpe (Adam Driver) découvrent que leur ancien mentor, Ferreira (Liam Neeson), envoyé en mission au Japon, a été contraint d’apostasier. Incrédules, les deux prêtres partent à sa recherche. Au cours d’un périple dangereux, dans un Japon qui tente d’éradiquer toute trace de catholicisme, Rodrigues et Garrpe croisent la route de paysans japonais qui vivent leur foi en cachette. Des ouailles perdues qui bricolent une religion primitive et accueillent les deux prêtres comme le Messie, alors qu’un samouraï inquisiteur est lancé à leurs trousses. Pour faire abjurer leur foi aux jésuites, ce fonctionnaire retors a imaginé des moyens de tortures et de pressions terribles, jouant avec raffinement sur les contradictions fondamentales (fondatrices) de la foi chrétienne. Epuré, intense, le Silence de Scorsese brille par son esthétique de clair obscur et son minimalisme zen.
Avec une musique symphonique qui possède la force de la houle, cette nouvelle bande-annonce semble vouloir placer le film sur un autre terrain, celui de l’épopée. Bande-originale rutilante donc, mouvements de caméras impressionnants (formidables travellings arrières à partir du personnage de Garfield) coup de sabre surprise… ce montage rythmé impose un vrai film d’aventures, un Mission scorsésien chromé et bourré de péripéties… Il y a (aussi) cela dans Silence, mais le nouveau Scorsese est avant tout une odyssée mentale bouleversante, le parcourt d’un homme qui se confronte à lui-même, à ses doutes, aux autres et au silence de Dieu ; une œuvre qui, comme disait Dreyer, tente d’"ouvrir une porte sur le monde de l’inexplicable".
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