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La fin de Vice Versa, les larmes d’Emily Blunt, le ballet de mains du Tout Nouveau Testament, la mélancolie d’Inherent Vice… A Première, on pleure et on aime ça. Voici notre top lacrymal de l’année cinéma (spoilers inclus).

L’alliance de Joie et Tristesse dans Vice Versa

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Tout le monde a chialé à la mort de Bing Bong, et c’est bien normal. L’ami imaginaire perdu et esseulé dans les couloirs de la mémoire à long terme est un des symboles nostalgiques les plus forts de Vice Versa. Lorsqu’il se sacrifie pour Joie et disparaît dans l’oubli, on est proche de l’explosion. Mais pour nous, elle aura lieu un peu plus tard, à la fin, quand Joie comprend qu’elle a besoin de Tristesse et, qu’ensemble, elles forment une belle et consolante mélancolie. Une des clés de l’existence.

Les larmes d’Emily Blunt dans Sicario


Après être revenue de l’enfer où elle a notamment dû mener une lutte morale acharnée, Emily Blunt est surprise chez elle par Benicio Del Toro, l’ange noir de Sicario. Le flingue sous la gorge, il la force à signer une décharge « légalisant » toutes les actions entreprises par leur strike team ce qui revient, pour elle, à abandonner ce en quoi elle croyait. Après l’avoir brisée, il essuie délicatement ses larmes ; le flingue toujours collé à sa gorge. Bouleversante ambiguïté d’un thriller à la noirceur désespérante.

Le ballet de mains dans Le Tout Nouveau Testament

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Un des nouveaux apôtres choisis par la petite sœur de Jésus dans le conte de Jaco Van Dormael est une femme, sublime mais manchote. Elle est hantée par la perte de sa main qui a fait d’elle un être solitaire et rêveur. Du rêve qui offre justement une séquence d’une beauté renversante, la danse triste et langoureuse de deux mains sur une table que l’on finit par confondre avec des ballerines d’opéra, sur un aria de Haendel. Acmé poétique de ce film à l’humanisme réconfortant.

Le retour des héros dans Le Réveil de la Force

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Il y a plein de moments où pleurer pendant l'Episode 7. On en retient trois. La première fois quand Han Solo récupère le Faucon Millénium et sourit comme un gosse au moment de pénétrer dans le cockpit de son vaisseau. On n'aurait jamais cru vivre ça un jour : revoir Harrison Solo en chair et en pellicule dans un bon Star Wars. Et puis une heure plus tard, c'est la scène du pont, c'est la chute, c'est déjà la fin du film. So long Solo. On peut aussi - mais c'est facultatif - chouiner quand on voit Leia ne pas faire de putain de câlin à Chewbacca. Mais on est obligés de se quitter sur des larmes en revoyant le visage de Luke. Pleurer autant pendant un Star Wars. Bordel. Personne ne nous avait prévenus.

Le Paul Walker tribute dans Fast & Furious 7


On avait déjà pleuré fin 2013 quand on a appris la mort de Paul Walker. Et rebelote à la fin de Fast & Furious 7 lors de son épilogue où Paul apparaît une dernière fois - en fait sous la forme d'un visage en numérique incrusté sur le corps d'un de ses frangins. Après un montage séquence hommage qui refait toute la carrière de Walker dans la saga F&F, sa voiture s'éloigne de celle de Vin et s'en va rejoindre le chaud soleil du paradis hollywoodien où il vivra à jamais dans le cinéma de nos souvenirs. Tellement naïf, tellement sincère, tellement Hollywood. I live, I die, I live again.

La mélancolie dInherent Vice

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"It doesn't mean we're back together". Ou en français "ça ne veut pas dire qu'on se remet ensemble". C'est, d'une ex à l’autre, l'inévitable conclusion lacrymale d'Inherent Vice, son discret leitmotiv, la clef de sa mélancolie sublime. L'idée qu'on ne pourra jamais guérir complètement, que les choses ne pourront jamais se répéter, que tout est bien fini, pour de bon, à jamais : les sixties, les idéaux hippies, le fantasme du summer of love. Une perte qui se matérialise dans une séquence paroxystique de flash back d’une journée d’amour sous la pluie. On ne se remettra jamais ensemble.

Le désespoir du père dans Hungry Hearts

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Il a beau jouer plus fort sur la peur que sur les larmes, le drame de Saviero Costanzo (La solitude des nombres premiers) sur l’effondrement d’un couple étouffé par l’obsession destructrice de la mère pour le bien-être de son enfant parvient à bouleverser d’autant plus qu’il ne verse jamais dans le pathos. Mais au bout d’un moment, il faut être fait de marbre pour ne pas être touché par la patience, qui se mue en désespoir, de ce jeune père (Adam Driver, désormais plus connu sous le nom de Kylo Ren) face à l’aliénation progressive de sa femme qui met en danger leur bébé.

Le rock dans La Loi du marché 

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Le chemin de croix de Vincent Lindon, chômeur de longue durée pour Stéphane Brizé, du rendez-vous ubuesque au Pole Emploi à l’entretien miné via Skype en passant par le marchandage d’un couple d’acheteurs pour la caravane qu’il est obligé de vendre, suffirait à faire chialer n’importe quel spectateur animé d’un brin d’empathie. Mais le clou est enfoncé par la séquence joyeuse de ce film en crise, celle où Lindon et sa femme dansent un rock dans leur salon trop petit sous le regard enchanté de leur fils… handicapé. Quelques minutes de légèreté dans un monde de merde, ça fait mal.

Le serre-tête clignotant de Dheepan

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Après la courte séquence d’ouverture qui résume avec éloquence l’enfer que fuit le combattant Tamoul, on retrouve le visage du réfugié, perdu et déraciné, émergeant du noir, entouré d’un halo flou de lumières clignotantes, le tout sur le « Cum Dederit » de Vivaldi. On croit un moment voir des gyrophares, à moins qu’il ne s’agisse de décos de Noël. Non, le halo lumineux qui entoure le visage hagard, humilié du Sri-Lankais est celui d’un serre-tête clignotant minable comme en vendent des centaines de Dheepan dans les rues de nos villes. On ne verra plus jamais les vendeurs ambulants comme avant.

La simple song de Youth


On n’espérait pas l’entendre, cette simple song dont parle tant l’entourage de Michael Caine, chef d’orchestre à la retraite dans le film de Sorrentino. Mais le cinéaste italien n’a peur de rien, même pas de décevoir ; tant mieux. La séquence finale de cette œuvre élégiaque joue enfin la musique qui déchirait le cœur de Michael Caine pour exploser dans la voix cristalline de la soprano Sumi Jo. Alors qu’on vient de comprendre que cette balade mélancolique de la vieillesse est en réalité une grande histoire d’amour, les vannes s’ouvrent et le barrage lâche. 

L’amour impossible de Mon Roi

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Dix ans d’amour et de fureur condensés en deux heures d’un mélo sentimental hystérique pour arriver à ce constant, implacable et dur à avaler, de l’impossibilité d’être heureux en amour. On ne pleure pas quand il la trompe, on ne pleure pas quand elle le quitte, on pleure quand ils se retrouvent, apaisés, dans le bureau du directeur de l’école de leur fils. Quand la caméra de Maïwenn regarde Vincent Cassel, ses mains, sa nuque, avec un amour et un désir intacts, avant de repartir chacun chez soi.

La beauté de Knight of Cups

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Un torrent de plans terrassants, un défilé de femmes sublimes, une caméra en apesanteur, et Christian Bale. Christian Bale à la dérive, traversant les images de son passé tel un fantôme errant, tentant de rassembler les morceaux de vie et d’amour gâchés, perdus, qui hantent son monde intérieur. La radicalité grandissante de Malick en laisseront au bord de la route, mais ceux qui auront le bonheur d’être touchés par sa grâce ne s’en remettront pas.