Annulée brutalement ce week-end, la saga de Jonathan Nolan et Lisa Joy a peut-être finalement eu la fin qu'elle méritait...
Et vous ? Questionnez-vous encore la nature de votre réalité ? Peut-être avez-vous arrêté après la fin de la saison 1, en 2016. Quand les saisons 2 et 3 ont plongé Westworld dans un labyrinthe mythologique à la lourdeur infinie. Une fable aux mystères tellement inextricables que la plupart des fans avaient fini par lâcher l'affaire. Adulée, montrée en exemple (cumulant 56 nominations aux Emmy Awards), la grande Westworld a perdu de son aura au fil des ans au point de se faire annuler comme une malpropre, au beau milieu d'un week-end d'automne...
Westworld n'aura pas de saison 5. Surtout, la série n'aura pas de fin officielle. Jonathan Nolan et Lisa Joy avaient d'abord prévu de raconter leur saga de science-fiction sur six saisons. Mais ils avaient revu leur copie face aux désistements et un avenir plus qu'incertain. La série devait donc se conclure l'année prochaine, avec une cinquième saison finale. Elle n'en aura pas l'occasion. Westworld s'arrête aujourd'hui, brutalement, et restera dans les annales du petit écran comme ce show dépassé par sa propre ambition. Une série grand public capable de traiter aussi largement de la conscience humaine et de moralité, dans un western cybernétique sanglant et cinglant. Fort. Trop fort ! Westworld a été écrasée par une première saison tellement imposante qu'il lui a ensuite été impossible d'atteindre à nouveau de tels sommets philosophico-pop-culturels.
Surtout, plus la série s'est éloignée de l'oeuvre originale de Michael Crichton, plus elle s'est fanée. Nolan et Joy avaient su adapter et réinterpréter le Mondwest de 1973, mais ils ont eu beaucoup plus de mal à l'extrapoler. À poursuivre la réflexion dans un univers élargi, au-delà des portes du parc. Comme The Handmaid's Tale s'est perdue en route juste après avoir fini d'adapter Margaret Atwood, Westworld s'est effritée alors qu'un public (de plus en plus restreint) s'épuisait à se gratter la tête, à se demander quand, exactement, la série allait finir par tenir ses promesses.
Non sans une certaine humilité, Joy et Nolan ont compris qu'ils avaient fait fausse route, dans les saisons 2 et 3, se complaisant en circonvolutions au lieu d'apporter des réponses. Ils ont su rectifier le tir et osé se renouveler au moment d'imaginer la saison 4, réinventant la série de manière spectaculaire, sans la dénaturer. Un tour de force scénaristique en forme de choc de simplification. Finis les atermoiements épuisants et les analogies éternelles. Dans ce qui restera comme sa saison finale, Westworld est allée au bout de ses idées SF, opérant un virage à la Matrix bluffant. Une vision du soulèvement des machines qui acheve sa réflexion philosophie télévisuelle pour basculer dans une guerre des espèces sauce Terminator. Une manière de boucler la boucle, puisque le film de Michael Crichton fut justement l'une des matrices du Terminator de James Cameron.
Il y a clairement un sentiment de complétude au terme de la saison 4 de Westworld. Dolores (Evan Rachel Wood) devenue Christina (il fallait suivre) s'en va dans un monde fait de 0 et 1 après avoir vaincu l'Homme en Noir. Elle se réveille à l'intérieur du Sublime et décide de donner à la vie humaine une dernière chance d'éviter l'extinction. Elle recréé ainsi le parc Westworld original à l'intérieur de ce monde digital pour éprouver l'Humanité... Et si la série avait en fait eu la fin qu'elle méritait ?
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