Une drôle de comédie fantastique, théologique et philosophique, qui a su nous surprendre et nous toucher, jusqu'au bout.
Adieu. Les morts ont tiré leur révérence, cette semaine, avec le tout dernier épisode de The Good Place. Un magnifique final d'une heure (à voir en France sur Netflix), qui a parfaitement fait honneur à cette incroyable comédie. Une comédie unique en son genre, drôle, débordante d'énergie, dopée à la pop culture, et capable de développer en parallèle une réflexion poussée sur la nature humaine, l'éternité et la fin de la vie. Rien que ça !
"En créant la série, on s'est dit que la philosophie ne devait pas être juste à la marge. Elle devait être le cœur du show. Nos personnages allaient parler de philosophes, des livres majeurs, et en même temps, on allait raconter un tas de blagues et un tas d'histoires émouvantes. C'est ce qui rend cette série si spéciale à l'arrivée", analyse aujourd'hui dans EW, le créateur Mike Schur. C'est effectivement un bon résumé de The Good Place, parfait combo entre des gags de prout et des idées complexes sur l'éthique morale. La démonstration irréfutable qu'on peut être fun à la télévision, sans sacrifier la réflexion. Avec chevillé au corps ce message humaniste porté à tout crin par nos quatre héros : on peut tous s'améliorer et finalement devenir quelqu'un de bien, pour peu que les autres nous aident.
"Dans la saison 2, la série défendait une position proche de celle d'Aristote", détaille Mike Schur. "La façon dont vous améliorez votre éthique personnelle, c'est de faire de bonnes choses, encore et encore. On s'est ensuite beaucoup appuyé sur Tim Scanlon (un philosophe contemporain américain) qui dit que votre bonheur est entièrement dépendant de votre capacité à faire la paix avec ceux qui vous entourent. Il nous dit : 'Si vous venez avec des règles, vous devez trouver des règles que les autres ne rejetteront pas'. C'est comme ça que vous savez que c'est une bonne règle. Et puis il y a aussi un peu d'Emmanuel Kant dans la série, parce que Chidi est Kantien..." PHILOSOPHIE BITCH !
Attention spoilers ci-dessous !
Oui, la philo rapporté à notre vie sur Terre et ses conséquences dans l'au-delà, ce fut l'une des grandes réussites de The Good Place. Il faut se souvenir qu'au tout début, Eleanor, Tahani et les autres étaient loin d'être des modèles de vertu. C'est même l'énorme twist de la fin de la saison 1, l'un des plus beaux manigancés sur nos petits écrans durant la décennie écoulée : non ils n'avaient pas été réellement acceptés dans "The Good Place". Le Paradis, ce n'était pas pour eux. Ils n'étaient en fait que les cobayes d'une expérience démoniaque, menée par l'Enfer pour torturer un peu plus les âmes perdues. Une révélation choc, absolument géniale, qui marquera la série jusqu'à son terme. Comment fait-on, du coup, pour mériter sa place parmi les Anges ?
La question est épineuse, mais elle a été abordée avec malice, par les auteurs. The Good Place a fait sienne cette interrogation théologique, au fil des saisons suivantes. Tout n'a pas été parfait et le début de la saison 4 a paru parfois très anecdotique. Mais comme toute grande série, ces petits bas ont été largement compensés par de grands hauts. Les derniers épisodes ont été d'une intelligence rare, surtout pour une comédie, prenant à bras le corps la thématique de l'éternité. Que ferait-on de l'éternité, si elle existait ? "La vraie joie réside dans le mystère", confirme ainsi Eleanor, dans les dernières secondes de la série. La jeune femme s'apprête à laisser le Paradis derrière elle pour sauter dans l'inconnu, le néant. Parce qu'il faut bien une fin. A toute chose. Une conclusion sublime, gorgée d'émotion et qui parle d'acceptation avec une sérénité mélodieuse.
Alors faut-il s'inquiéter de ce qui se passe après la fin de la vie ? Vous avez la réponse.
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