Projectionniste, puis cameraman à la Union Film, il travaille en Allemagne auprès de Lang, de Wegener il est l'opérateur de Golem en 1920 , de Dreyer (Michael, 1924, avec Rudolph Maté), de Murnau. Avec l'équipe de ce dernier, il fait accéder la prise de vues à un niveau d'invention et de liberté technique seulement alors égalée, mais en France, par Gance dans son Napoléon (1927). À l'extrême mobilité de la prise de vues Freund ajoute un sens très sûr des effets de lumière et d'ambiance du Kammerspiel, des priorités à respecter, en extérieurs comme en studio. Il se plie aux exigences d'une mise en scène constamment créatrice : « suivi » des volutes d'une fumée, simulation de l'ivresse (le Dernier des hommes, Murnau, 1924) ; il invente une caméra-valise lui permettant de filmer sans être remarqué ses propres séquences de Berlin, symphonie d'une grande ville (W. Ruttmann, 1927), dont il est aussi coproducteur. En 1928, il participe à la création du Volksverband für Filmkunst, sorte de ciné-club progressiste, avec Heinrich Mann, Pabst, et Piscator, dont les expériences berlinoises sont à l'origine de cette défense du film allemand d'art et essai avant la lettre. En 1929, Freund est aux États-Unis, nimbé de l'éclatante réputation qu'y a confirmée le succès de Variétés (E. A. Dupont 1925). Engagé par Universal, il devient chef opérateur de Florey (Double Assassinat de la rue Morgue, exploité seulement en 1932), de Milestone (À l'ouest rien de nouveau, 1930), de Tod Browning pour son Dracula (1931, avec Bela Lugosi) ; il assure les prises de vues du film d'aviation mouvementé de John Ford, Tête brûlée (1932) ; il est le chef opérateur de Cukor, James Whale et Sidney Franklin, qui lui doit les superbes sépias de Visages d'Orient (1937), d'une extraordinaire beauté tactile. Il est alors passé à la MGM, où il fera encore un très beau travail, photographiant notamment Greta Garbo et Charles Boyer pour Clarence Brown dans Marie Walewska (id.). Sa carrière au temps fort de l'expressionnisme, sa collaboration américaine avec Whale et Browning l'ont sans doute incliné, en tant que cinéaste, vers le fantastique. En tout cas, c'est ce qu'il convient de retenir de la dizaine de films qu'il a réalisés : la Momie (The Mummy, 1932) pour Universal, avec Boris Karloff ; un remake des Mains d'Orlac (Mad Love, 1935), pour la MGM, occasion d'une étonnante prestation de Peter Lorre. Mais Freund demeure essentiellement un des grands techniciens du film, capable, de surcroît, de s'intégrer à une équipe aussi fertile en trouvailles anticonformistes que celle qui entourait Murnau.