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Bellamy s’inscrit dans la lignée des derniers films du maître où l’intrigue importe moins que les personnages, et les personnages moins que les non-dits et les événements hors champ – tel un lit défait, on ne sait pas bien pourquoi. À croire que Chabrol et sa coscénariste, Odile Barski, ont pris un malin plaisir à vider l’intrigue de sa substance pour n’en restituer que des éléments anecdotiques sur lesquels projeter nos fantasmes. Du ciné-psychanalyse, en somme, moins dans l’affect que dans le théorique. D’où un possible effet repoussoir sur certains. L’étrangeté générée par ce film atypique provient à la fois de la mise en scène, volontairement plate, de la musique dissonante, typiquement chabrolienne, et du jeu décalé des acteurs. Obèse et bonhomme, Depardieu compose un Bellamy présent et absent à la fois, pas vraiment dans l’action ni à l’écoute, maladroitement concupiscent... Autour de lui gravitent des personnages faussement archétypaux (outre l’épouse soumise et le frère envahissant, un couple d’homos prévisible, une esthéticienne salope...) qui essaiment le doute un peu partout à l’écran. Drôle de film.
Toutes les critiques de Bellamy
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Quoique d'un réalisme presque sans relief, le film de Chabrol est envahi de rêves et de cauchemars, et le plan initial de l'homme endormi prend tout son sens. Ces rêves ou ces cauchemars sont les virtualités pures qui traversent continûment l'esprit des individus coincés par la réalité, leur aspiration à ce que leur vie soit différente de ce qu'elle est, et leur désespoir et leur vertige face à l'impossibilité d'une telle éventualité.
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Nous sommes servis, c'est du beau Depardieu que Chabrol a dirigé dans cette intrigue de faux-semblants. Il ne s'agit pas de filmer la rencontre, le coup de foudre, mais les petits gestes de chaque jour, les caresses du matin, l'attente de la nuit. Et ça, c'est vraiment touchant.
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Le film réserve des replis inattendus. Il est truffé de clins d'oeil (à Truffaut, Maupassant...) et d'hommages (notamment à Brassens). Les huîtres chaudes, la pintade, les arènes de Nîmes et le monument qu'est Depardieu lui-même pourraient faire croire à une balade patrimoniale un peu pépère. Apparence trompeuse. Entamé un peu mollement comme une série B genre Poulet au vinaigre, Bellamy s'achève froidement comme un film noir à la Duvivier, rongé par la culpabilité et le dégoût de soi.
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Ce vrai-faux polar, prétexte à une drôle d'histoire familiale, vaut surtout pour la première rencontre entre deux épicuriens d'égale envergure : Chabrol, cinéaste fan de Simenon et Depardieu, drôle de Maigret, plus fin psychologue comme flic qu'en mari ou en frère. Un film décalé, un peu bizarre, où l'intrigue compte moins que le jeu, d'ailleurs excellent, des acteurs.
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Pas sûr qu'on se souvienne de Bellamy comme l'un des meilleurs films de l'auteur de Poulet au vinaigre. Bellamy est, comme assez souvent chez Chabrol, un film fruste dans sa forme.