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Après son frère, il portait de nouveau les espoirs d'une large population. Jeune, séduisant, charismatique, humaniste, "Robert Kennedy" rec="0" pourrait crever l'écran sous la caméra d'Emilio Estevez. Au lieu de ça, Bobby le raconte sans lui donner d'interprète, préférant la portée des idées au visage de l'homme. Un film intelligent et fort, qui se penche en arrière pour mieux regarder la société actuelle.
- Vos impressions sur ce film dans le forum Bobby.4 juin 1968, Ambassador Hotel de Los Angeles. Dans la chaleur d'une journée historique, 22 personnages se croisent et se recroisent, tissant le portrait d'une Amérique typiquement sixties. Guerre du Vietnam et aspiration à la paix, assassinat de [people rec="0"]Martin Luther King[/people] et lutte pour les droits civiques, discriminations et désirs d'intégration, adultère, séduction et place des femmes, défonce d'une jeunesse désorientée... Face à ces thèmes noués, la figure d'un possible changement, l'ampleur d'un projet politique qui se fait la voix de tous : "Robert Kennedy" rec="0", frère de feu "John Kennedy" rec="0", sénateur et candidat démocrate bien parti pour investir la Maison Blanche. Il est en route pour l'Ambassador, et cette nuit-là il prononcera son dernier discours.En juin 1968, JFK a été tué depuis cinq ans, [people rec="0"]Malcolm X[/people] depuis trois et Martin Luther King depuis seulement deux mois. Comme autant d'espoirs tués dans l'oeuf. Quatrième de la liste, Robert F. Kennedy confirme l'incroyable malédiction. Incarnant la démocratie et la liberté, la paix et la justice sociale, son assassinat écrase une fois de plus les espérances de toute une population levée derrière lui. A l'écran pour donner corps à ces envies de mieux, pas moins que Sharon Stone, Anthony Hopkins, Helen Hunt, Laurence Fishburne, Demi Moore, Elijah Wood... Dont certains excellent, pour ne rien gâcher, dans de savoureux contre-emplois.Puissant, porteur, brillant
En plus de diriger avec brio ce casting qui pèse son poids en stars, Emilio Estevez signe un scénario riche et met en scène son film-orchestre sans se laisser dépasser. Bon agenceur, il jongle entre la fiction et le fait historique sans jamais y laisser des plumes. Pari risqué pourtant, que celui d'entremêler tant de destins imaginés pour peindre le tableau crédible d'une époque, d'y insérer des images d'archives pour ancrer son propos, de garder le fil de l'événement, et de boucler tout ça proprement. Progressant régulièrement en intensité, le film se clôt naturellement sur l'assassinat du sénateur, réconciliant avec justesse réalité et fiction, portée politique et puissance de l'émotion.Fin dans sa mise en scène comme dans son écriture, Estevez parvient à élever le film au-delà de la simple narration du fait historique. Son sujet regarde la société actuelle sans être aucunement dépaysé. Guerre engluée, violence omniprésente, fracture sociale et rêves d'autre chose. Presque quarante ans plus tard, le monde et l'Amérique semblent avoir peu changé... Alors, pour nous réveiller un coup, il livre des morceaux finement choisis des interventions de "Robert Kennedy" rec="0", dont les propos n'ont pas pris une ride. Ecrit avant 2001, son Bobby gagne une dimension plus frappante encore aujourd'hui et sort sans doute au meilleur moment possible, bénéficiant d'une étrange résonance avec l'époque actuelle. Sonnant comme un appel à la conscience politique de chacun, il rappelle au fond que mieux n'est pas impossible. Nécessaire, sinon indispensable.Bobby
Ralisé par Emilio Estevez
Avec Anthony Hopkins, Demi Moore, Sharon Stone
Etat-Unis, 2006 - 1h52[Illustrations : © TFM Distribution]
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