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Une scène d’ouverture comme échappée d’un Tarantino, un plan final à la Sergio Leone. Et entre les deux, une histoire d’amour tapageuse entre deux âmes perdues (une rock- star déchue et une fille de la rue) qui rappelle les Sailor et Lula de Lynch ou les Sibel et Cahit de Head- on. Burning Casablanca avance à 100 à l’heure, nourri de ces références cinématographiques assumées car en phase avec les mille et une sensations qu’inspire à Ismaël El Iraki l’autre personnage central de son premier long : la ville de Casablanca, celle de tous les mélanges, y compris celui d’amour et de haine qu’il éprouve pour elle. Nulle trace de pittoresque dans cette plongée dans la société marocaine underground. Du brut, du vrai, de l’incandescent sublimés par son format scope et dont l’agitation permanente donne régulièrement envie d’appuyer sur le bouton stop. Mais El Iraki avance sans se soucier de ces possibles dommages collatéraux. Il allume une mèche et son film devient un incendie de plus en plus immaîtrisable au fil de cette histoire d’amour impossible entre deux êtres tentant d’échapper à leurs démons intérieurs auto- destructeurs comme à ceux qui leur veulent la peau, parce que leur subversion est un affront pour les tenants d’une société marocaine corsetée (les groupes de métal y risquent toujours la prison pour satanisme !) ou à cause des dettes qu’ils ont accumulés auprès de prêteurs refusant de s’assoir sur cet argent. Le film est à l’image du périple de ses héros : imparfait, parfois épuisant. Mais jamais, la flamme allumée ne s’éteint. Burning Casablanca se regarde comme il s’écoute. Passionnément.