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Bienvenue dans l’Amérique white trash, en proie aux ténèbres du désespoir, désertée depuis des lustres par la loi et la justice. Là où les mythes fondateurs
crèvent la gueule ouverte, où les mobile homes empestent l’alcool, où la misère (sociale, sexuelle, affective) se lit sur les visages. Dans ce cimetière de la morale, Joe parle des rencontres rédemptrices qui donnent envie d’y croire, confronte l’innocence et le mal en prenant rapidement les atours d’une fable
douce et brutale, cruelle et poétique, dont la tension sourde explosera lors d’un climax ultraviolent façon Peckinpah. Longtemps présenté comme le fils spirituel de Terrence Malick, David Gordon Green avait commencé sa carrière sur les chapeaux de roue avant de se métamorphoser en exécuteur inepte, aux commandes de films si mauvais que l’on n’a pas envie de les citer. Alors que son avant-dernier Prince of Texas, buddy movie drôle et « spleenesque »,
nous avait un peu réconciliés avec lui, Joe marque son retour aux drames sudistes – dans la veine de son merveilleux George Washington – et surtout nous rassure : DGG demeure bien, après tous ses projets incertains et avec son ami Jeff Nichols (Mud), l’un des patrons du cinéma indépendant américain. Avec une précision et une crudité documentaires, avec sa manière bien à lui de filmer l’ennui et le dérèglement ou simplement de nous sensibiliser à l’usure mélancolique des rednecks rustauds, le cinéaste regarde les hommes tomber dans une nature aussi belle que dangereuse. Il montre aussi des trajectoires qui se font, se défont ou se confondent, comme celles, par exemple, des comédiens avec leurs personnages. À l’instar de ce père terrifiant joué par Gary Poulter, acteur non-professionnel mort peu de temps après le tournage, qui électrise l’écran à chaque fois qu’il apparaît. Quelque chose de vécu vibre, et c’est ce qui rend le résultat indicible, entre réalité et fiction, d’autant plus puissant. Par-dessus tout, la beauté du film est d’avoir réussi à transfigurer Nicolas Cage, sobre comme on ne l’espérait plus, démentiel comme aux premières heures de sa carrière – ce que, à force de pitreries et de nouvelles coupes de cheveux, nous avions presque oublié. Ici, Nic n’attend plus rien de la vie, fume sous la pluie, dépèce un daim, attrape un serpent venimeux à mains nues, sans doublage ni protection. Il nous revient des enfers, halluciné, contaminé par la rage, avec quelque chose de Robert Mitchum. C’est dire si, oui, ce film est grand.
Toutes les critiques de Joe
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Une chronique de David Gordon, pleine de violence et d'espoir, de larmes et de réconfort.
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Une méditation frappante sur 2 personnages.
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David Gordon Green livre un film noir hanté par l'esprit du Sud, dans la lignée de “Mud”.
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Un drame violent et touchant, qui permet de remettre Nicolas Cage en selle après ses nombreuses bévues cinématographiques. L’occasion aussi de découvrir un nouveau talent, Tye Sheridan
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Le film est délicieusement imprévisible, tout à la fois électrique et émouvant, rugueux et bigarré.
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Thriller outrageusement captivant, drame résolument révoltant, Joe nous prend aux tripes et laisse une empreinte vivace, celle d’un cinéma social glaçant qui nourrit le mythe d’un sud déliquescent tout en nous persuadant de sa réalité.
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Cette adaptation d’un roman de Larry Brown, spécialiste du style “Rough South” (“le Sud rugueux”), nous plonge dans la noirceur du Texas. Et de cette atmosphère moite, superbement étouffante, naît une chose que l’on n’avait pas vue depuis trop longtemps : Nicolas Cage enfin en train de jouer, nous offrant une composition à la fois violente et touchante, et l’un de ses plus grands rôles de ces dernières années
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David Gordon Green vient peut-être de trouver le juste équilibre entre le pathos et l'issue de secours après lequel tant de films américains récents courent (...). "Joe", c'est un peu la rencontre entre "Le Canardeur" de Micheal Cimino et Killor Joe, si ce n'est que Green croit; lui, à la rédemption.
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Nicolas Cage tient un de ses plus beaux rôles dans « Joe », dans un drame rural poignant.
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Cette double filiation que met en scène David Gordon Green donne au film sa matière abrasive. La structure du film pâtit parfois de développements superflus, que rattrape la prestation de Nicolas Cage. La petite ville (...) donne au film ses allures de néowestern baroque, poussiéreux et moite.
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A force de voir Nicolas Cage dans des séries Z, on avait fini par oublier qu’il est un immense acteur. Joe de David Gordon Green remet le comédien à sa place, parmi les meilleurs de sa génération. (...) Joe, oeuvre cruelle et belle semble touchée par la grâce.
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Le film fonctionne très bien grâce au jeune Tye Sheridan, sa ferme ambition, son courage et son optimisme sont exemplaires. Il donne à “Joe” l’honnêteté méritée.
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Nicolas Cage sort enfin de sa phase daube, on peut à nouveau apercevoir son immense talent à travers ce rôle de faux calme. Dirigé par David Gordon Green, « Joe » est un film qui va droit au but.
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Le film appartient à Nicolas Cage, Joe fait preuve d’une telle compassion qu’il risque de mettre sa vie en danger. Sa performance ainsi que le film en lui-même est totalement constant.
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Joe retient le public émotionnellement.
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Porté par un scénario fidèle au réalisme crépusculaire et féroce de Brown et par des acteurs remarquables, David Gordon Green s’attache avant tout à dépeindre ce cloaque qui prend au piège ceux qui s’y aventurent ou qui ont le malheur d’y être nés. Côté générique, Nicolas Cage, jamais aussi bon que dans le registre du grand fêlé, fait regretter tous les nanards dans lesquels il est allé chercher fortune.
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Captivant mais parfois agonisant.
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Si vous avez loupé les précédentes performances de Nicolas Cage, “Joe” vous permettra de vous familiariser avec.
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Nicolas Cage, qui s'était égaré dans des navets hallucinants, revient ici à son meilleur.
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Le portrait d’un homme qui se fout de savoir si le monde l’apprécie mais qui porte de l’intérêt à quelqu’un qui n’ose pas lui demander de l’aide.
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La crise, vue du Texas. Familles errantes, misère, malheur. Autour de Nicolas Cage, une terrible galerie de portraits.
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Les scènes où, tel un prédateur qui guette sa proie, il traque un Noir chancelant pour lui dérober son alcool, son peu de fric et sa pauvre vie, sont filmées par David Gordon Green avec une sorte de terreur respectueuse. Presque de l'admiration. Comme s'il voyait agir le mal dans sa force brute. Le mal pur.
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Une expérience de cinéma souvent fascinante.
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Un drame très observateur, trop violent inutilement, qui peut nous sembler familier à certains moments, riche de contenu sur le milieu rural mais plus faible sur la narration.
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Ce qui fonctionne le mieux ici c’est le portrait de cet homme qui se bat contre lui-même.
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Il y a un brin de condescendance dans ce film.
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Le cinéaste brise ce qui pourrait n’être qu’un nouvel Œdipe texan par des scènes d’une excentricité inattendue
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Rien de neuf dans la constellation Gordon Green (tragédie dans l’Amérique profonde et dégénérée) si ce n’est que l’on est heureux de retrouver Nicolas Cage dans un rôle à la hauteur de son talent.
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Cage brille par sa sobriété puissante dans cette histoire de rédemption, un peu scolaire pour séduire totalement. Sans doute aussi car la présence de Tye Sheridan renvoie à Mud, qui racontait cette même Amérique avec un supplément d'âme et de poésie. La rigueur de la mise en scène est aussi son talon d'Achille, renforçant une impression de classicisme.
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Dans cet océan de désespérance, comme un naufragé à un misérable esquif, le spectateur s’accroche aux personnages de Gary et de Joe (...) Le jeune Tye Sheridan, que l’on a vu dans The Tree of life et Mud, apparaît dans le rôle de Gary comme un bloc de pureté et de courage, tandis que Nicolas Cage impose avec rudesse et sensibilité la complexité de Joe.
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Nicolas Cage, bête féroce et superbe, dans un drame gothico-sudiste parfois un peu lourd.
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David Gordon Green noie les potentielles subtilités de son histoire en les faisant baigner dans une épaisse sauce d’"Americana".
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Nicolas Cage dans Joe, c'est la Dame aux camélias en chemise de bûcheron. A la troisième quinte de toux, on rigole. A la quatrième, on fatigue ! Son cabotinage est, hélas, parfaitement « raccord » avec l'outrance de la réalisation.