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On ne sera pas vraiment surpris d'apprendre que La Sirène soit une production des Films d'ici. Pas parce que cette boîte de prod est française (vous pouvez arrêter de siffloter La Marseillaise tout de suite), mais à cause du CV plutôt costaud de celle- ci, à qui l'on doit notamment Valse avec Bachir d'Ari Folman et Josep d'Aurel, autres grands trips mémoriels emballés dans une forme radicalement « film de genre » : le docu pour le Folman, le film de prison pour Josep... Et La Sirène se range sans rougir à leurs côtés. Nous sommes en Iran, en 1980, lors de l'invasion irakienne, dans la ville d'Abadan : alors que celle- ci va tomber sous les coups de boutoir des envahisseurs, le jeune Omid tente de convaincre une poignée d'habitants de quitter Abadan en bateau. Unité de temps, de lieu, d'action : La Sirène dessine le cercle d'une quête un peu absurde, celle de persuader une galerie de personnages plus ou moins mystiques d'échapper à une mort certaine pour (peut-être) se confronter à une autre. C'est un joli procédé de cinéma -si l'on peut qualifier de joli un film qui, comme le Folman et le Aurel, entend se confronter aux souvenirs les plus violents d'une guerre un peu oubliée. Le cinéma de la réalisatrice Sepideh Farsi, agité entre documentaire et fiction (son précédent film de fiction en live action, le drame migrant Demain je traverse sorti en juin 2022, ne nous avait pas entièrement convaincus), trouve dans l'animation une forme nouvelle et idéale.