Première
par Didier Roth-Bettoni
En 1964, Agnès Varda signait Le Bonheur. C’est encore ce sentiment qui plane en voyant cette très personnelle autobiographie qu’est Les Plages d’Agnès. Toujours aussi facétieuse, la réalisatrice choisit des chemins de traverse pour se raconter et raconter ceux qui ont croisé sa route. Elle s’égare avec un plaisir contagieux dans les entrelacs de ses souvenirs et de ses rencontres, s’amuse au jeu délicieux du « marabout-bout de ficelle », colle et accole images du passé et du présent, réunit morts et vivants, sautille de Bruxelles à Noirmoutier en passant par Sète, plages qui ont marqué sa vie, plages de vie. Ce faisant, elle nous offre, à sa manière ludique et poignante (comme quand elle évoque la figure aimée de Jacques Demy), une leçon de cinéma et une leçon de vie mêlées. D’un rien, elle fait une œuvre : quelques miroirs face à la mer, du sable dans une rue parisienne, une maison faite de bouts de pellicule..., inventant là, en quelques secondes, plus d’images de cinéma que la plupart des réalisateurs en une carrière. On se glisse donc avec délice dans l’ombre de cette dame malicieuse, libre, sereine, généreuse, et définitivement amoureuse de la vie et du cinéma.