Première
La sexualité féminine est-elle encore un angle mort du cinéma ? Peut-être bien, se dit-on, en regardant Règle 34, tant chacune des scènes innove, détonne, capte une lueur inédite (ultrasensible ?) de l’érotisme. Le jour, Simone est une étudiante en droit, sérieuse et sincère. La nuit, derrière son écran, elle mute. Devient une camgirl lascive, crinière échevelée, aimant le BDSM. De cette double-vie, naît une mélancolie. Ou bien, une tragédie. Simone se bat, se débat contre elle-même et contre le système patriarcal. Règle 34 fait ici écho à Mustang de Deniz Gamze Ergüven (2015), 50 nuances de Grey de Sam Taylor-Johnson (2015) ou Jeune et jolie de François Ozon (2013). Mais se place à côté, dans registre autre : cru et doux, féministe et mélancolique. En dehors de toutes les balises morales.
Estelle Aubin