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Marvel est enfin de retour sur grand écran. La parenthèse Covid et le triomphe des séries (WandaVision, Falcon et Le soldat de l’hiver ou Loki) laissaient penser que le vrai centre de gravité des héros capés avait fini par glisser définitivement vers le petit écran. Le très médiocre Black Widow n’avait pas vraiment rassuré… Et voilà que débarque Shang-Chi et la légende des 10 anneaux, blockbuster modeste pour l’écurie Marvel, mais suffisamment spectaculaire et très divertissant pour nous redonner la foi.
Descendant d’une longue lignée de guerriers chinois, Shang-Chi a fui son père, Wen Wu, un mafieux notoire, et quitté la Chine pour vivre de manière anonyme aux Etats-Unis. Au début du film, c’est donc sous le nom de Shaun qu’il vit à San Francisco. Modeste concierge, il ne pense qu’à faire la fête avec son amie Katy. Mais lorsqu’un gang de malfrat tente de lui arracher son pendentif, Shaun est obligé de dévoiler sa véritable identité. Et après une incroyable séquence de fight dans un bus, Shang-Chi part affronter son passé. Aidé de sa sœur (qui organise des combats de free fight à Macao) et de sa tante (Michelle Yeoh, matriarche d’un village magique isolé en Chine), la famille recomposée doit empêcher WenWu de prendre le contrôle de la terre grâce à dix anneaux magiques…
Dans la galaxie du MCU, il y a les gros films boursouflés et les parenthèses plus modestes, censées présenter un nouveau personnage. Shang-Chi fait clairement partie de cette dernière catégorie. Fun, décomplexé, idéalement confectionné, le film de Destin Cretton aligne les scènes d’action impressionnantes et fonctionne comme une bouffée de décontraction, à l’écart du plan quinquennal prévu par la maison mère.
L'intelligence de cette production tient au fait que, pour leur premier film de superhéros asiatique, Marvel rend hommage de manière maline à tout le spectre du cinéma HK. On passe donc d’un beau combat Wu Xia (qui évoque Tigre et dragon) à une scène « à la Jackie Chan » (la séquence du bus) avant de flirter avec la romance surnaturelle et finir par un délire épico-fantastique qui pasticherait presque Tsui Hark. Mais l’arme fatale du film, la vraie, c’est Tony Leung. Il joue le papa méchant, et la beauté de la star hongkongaise écrase tout. Comme d’habitude avec lui, un minimum d’effets crée un maximum de trouble. Le voir froncer insensiblement les sourcils, ou envoyer un coup de pied mortel, convoque immédiatement à l’esprit du spectateur ses meilleurs rôles (du glamour In the mood for Love au dément A toute épreuve). Et son duel face Michelle Yeoh ravira tous les fans du genre…
Bref, entre la comédie ado, la romance familiale, le digest du cinéma chinois et la nouvelle pierre à l’édifice MCU, Shang-Chi gagne sur tous les tableaux.