Tout est bien qui finit bien ? Timbuktu devrait finalement bien être projeté au cinéma Le Casino de Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne). Le Parisien rapportait dans son édition d'hier que le maire de la ville, Jacques-Alain Benisti, avait décidé de retirer le film d'Abderrahmane Sissako de la salle où il devait être projeté de mercredi à samedi. Frédéric Massot, leader de l'opposition au conseil municipal de la ville, avait publié l'affiche de la suppression de la projo du film sur Twitter :
L'affiche de la ville annonçant la déprogrammation de Timbuktu #onattendladiffusionavilliers pic.twitter.com/hZkXYq8gKQ
— Frederic Massot (@fredericmassot) January 16, 2015
Et pourquoi ? "C'est une mesure de sécurité eu égard aux derniers événements", déclare M. Benisti dans Le Parisien, affirmant déprogrammer le film suite aux attentats de la semaine dernière, notamment le massacre dans les locaux de Charlie Hebdo. "Je n'ai pas reçu de menace mais j'ai peur que le film ne fasse l'apologie du terrorisme". Une réaction qui a aussitôt fait jaser sur les réseaux sociaux pendant toute la matinée de ce vendredi.
Contacté par Première, M. Benisti confirme qu'il n'a jamais été question d'annuler le film purement et simplement, soulignant que la mesure a toujours été temporaire et qu'elle s'inscrivait dans les tensions que connaît la ville suite aux événements de la semaine dernière. "Il y avait un certain nombre de scènes dans ce film qui rappelaient les scènes barbares qu'on a connues ces derniers temps avec la prise d'otages et la tuerie de Charlie Hebdo". Hayat Boumeddiene, femme du preneur d'otages Amedy Coulibaly et toujours en cavale, est originaire de Villiers-sur-Marne.
"Je tenais à ce qu'il doit diffusé car il montre ce que l'on connaît bien à Villiers -on a 4200 familles maliennes qui nous racontent des scènes semblables à ce que montre le film", continue M. Benisti. "C'est très courageux qu'Abderrahmane Sissako puisse avoir fait ce film." Reconnaissant n'avoir pas vu Timbuktu, M. Benisti dément également avoir employé les termes "apologie du terrorisme", et espère bien accueillir des membres de l'équipe du film.
Un rétropédalage suite à la publicité négative donnée à l'évènement ? Ce qui est sûr, c'est que Timbuktu ne fait absolument pas l'apologie du terrorisme : il raconte la conquête de la ville de Tombouctou par des djihadistes, avec une lucidité terrible mais aussi un sens de l'absurde et de l'humour à froid.
>>>Abderrahmane Sissako : "Timbuktu partage un espace commun avec le western"
Présenté au dernier Festival de Cannes et nommé à l'Oscar 2015 du Meilleur film étranger, Timbuktu est sorti le 10 décembre dernier et est toujours projeté en salles, fort d'un très bon retour critique ("une polyphonie un peu dispersée : violente, profonde, légère et sérieuse à la fois", d'après notre critique cannoise de l'époque) et d'un succès populaire certain. Bande-annonce :
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