Prof de philo ? Flic infiltré ? Tueur à gages ? Portrait d’un homme hésitant entre plusieurs identités, le nouveau film de Richard Linklater zappe aussi avec malice entre les genres.
A la Mostra de Venise, l’an dernier, Hit Man était projeté quelques jours après The Killer, de David Fincher, dont il est une sorte de face B rieuse et démystificatrice. Les tueurs à gages n’existent pas, ils ne sont qu’un fantasme de cinéma, prend bien soin de nous dire en intro de son film le réalisateur Richard Linklater – extraits iconiques du Flingueur ou de La Marque du Tueur à l’appui.
Hit Man est inspiré de la vie dingo de Gary Johnson, prof de philo qui bossait aussi à l’occasion comme flic infiltré. Une occupation qui l’amenait parfois à se faire passer pour un assassin professionnel auprès de quidams cherchant à zigouiller leur prochain. Linklater et son comédien et coscénariste Glen Powell ont extrapolé à partir de cet argument pour raconter les atermoiements existentiels d’un homme éprouvant le vertige des possibles, le luxe étourdissant de pouvoir jongler entre plusieurs identités. Jusqu’à, peut-être, finir par découvrir qui il est vraiment grâce aux masques qu’il porte…
Pour mieux traiter son sujet, le film lui-même se réinvente en permanence, d’abord comédie loufoque à la Coen, puis romance screwball, avant de virer, dans un crescendo virtuose, au néo-noir sexy et amoral. Les acteurs s’éclatent : l’époustouflante Adria Arjona déconstruit méticuleusement le cliché de la femme fatale, et Glen Powell rayonne, tour à tour gaffeur, frimeur, séducteur, trop heureux de l’opportunité que lui offre ici Linklater sur un plateau, aussi exalté que son personnage à l’idée de jouer tous les rôles possibles et imaginables.
Hit Man, de Richard Linklater, avec Glen Powell, Adria Arjona, Austin Amelio… Durée 1h55. Sur Canal +.
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