La star de Léon, Star Wars et Black Swan a été en couverture du magazine à cinq reprises depuis 2002.
Joyeux anniversaire, Natalie Portman ! En ce mercredi 9 juin 2021, la star fête ses 40 ans. Une bonne excuse pour fouiller dans les archives de Première et retrouver ses interviews les plus mémorables. Best-of.
Mai 2002 – mai 2005 : les années Star Wars
Les premières unes de Première de Natalie Portman remontent à la prélogie de George Lucas. Dans le costume de Padmé Amidala, elle a été deux fois en couverture, toujours accompagnée d'autres acteurs phares de la saga : Hayden Christensen en Anakin Skywalker sur le n°303 (mai 2002) et Mace Windu (Samuel L. Jackson), C-3Po et R2D2 pour celle du n°339 (mai 2005). Les dossiers au cœur de ces numéros étant centrés sur la franchise à succès, ils ne contenaient malheureusement pas d'interview de l'actrice, alors âgée de 21 et 23 ans.
Janvier 2008 : Natalie Portman devient réalisatrice
Début 2008, la comédienne est choisie pour illustrer le numéro spécial "quoi de neuf ?", qui présente les films les plus attendus de l'année. Elle a alors les cheveux courts (merci V pour Vendetta, sorti quelque temps plus tôt) et revient en tant que réalisatrice, aux commandes d'un segment de New York, I Love You (elle jouait déjà dans un court-métrage mémorable de Paris, je taime, en 2006) et du court, Eve. A 27 ans, elle se jette à l'eau, après avoir évoqué plusieurs fois son envie de passer derrière la caméra. Il faudra cependant attendre 2015 pour qu'elle réalise son premier long, le drame Une histoire d'amour et de ténèbres.
Décembre 2009/janvier 2010 : L'interview carrière
Fin 2009, Natalie Portman n'a pas encore 30 ans quand elle présente Brothers, le drame de Jim Sheridan dont elle partage l'affiche avec Jake Gyllenhaal et Tobey Maguire. Pourtant, son entretien se transforme rapidement en "interview carrière". Extraits :
Première : Léon fête ses 15 ans cette année...
Natalie Portman : Je sais, c’est fou.
Je voulais souhaiter un bon anniversaire à votre carrière.
C’est gentil. Tourner avec deux petites filles dans Brothers m’a d’ailleurs rappelé mes débuts dans Léon.
Vous leur avez donné des conseils ?
J’ai dit à leurs parents de s’assurer qu’elles finissent leur scolarité. Si j’ai réussi à me tenir à l’écart de tous les pièges que tend Hollywood, c’est principalement grâce à mes amis, que je connais depuis l’école. Je suis entourée de gens passionnants qui m’aiment pour ce que je suis et seront toujours là si ma carrière part en fumée. Cette sorte d’amitié est indispensable, et des enfants qui travaillent trop et trop jeunes risquent de passer à côté. Vos amis d’enfance sont les seuls à pouvoir tirer la sonnette d’alarme si vous commencez à vous comporter en diva.
Ont-ils déjà tiré cette sonnette pour vous ?
Non, je ne crois pas. Mais quand vous faites ce métier, il est très facile de se laisser aller et de penser qu’Hollywood est le centre du monde.
(...)
Premier Casting : Natalie Portman, 12 ans, pour LéonVous êtes apparue dans des sketches et des vidéos extrêmement drôles à la télé ou sur le Net. Comment expliquez-vous que votre tempérament comique ne soit pas davantage utilisé au cinéma ?
J’y travaille. J’ai ma propre boîte de production maintenant et nous cherchons à y développer des projets de comédies. Mais c’est dur à trouver. On me propose beaucoup de comédies romantiques – un genre que j’adore –, mais elles sont toujours insensées. Comme si l’héroïne devait systématiquement travailler dans la mode et se faire passer la bague au doigt avant le générique de fin... Je ne trouve pas ça particulièrement séduisant. Les comédies pures, elles, tournent souvent autour de personnages masculins. Il se passe des choses passionnantes dans la comédie américaine aujourd’hui, notamment avec les films de Judd Apatow, que je trouve formidables, mais les femmes y servent uniquement de faire-valoir aux rôles masculins. J’ai envie de tourner des comédies à condition que mes personnages soient intéressants. Your Highness m’a offert cette opportunité. C’est l’une des meilleures expériences de ma carrière.
À quoi attribuez-vous cette absence de bons rôles féminins dans les comédies ?
Je pense que c’est dû au manque de réalisatrices. Toutes les comédies sont mises en scène par des hommes, donc c’est normal qu’ils les tournent de leur point de vue, normal que les personnages féminins soient secondaires ou sous-développés. Pourtant, les comédiennes sont là : Tina Fey, Amy Poehler, Kristen Wiig, Isla Fisher, Anna Faris... Nous avons de fantastiques actrices de comédie autour desquelles plus en plus de projets devraient se monter. J’ai récemment lu de très bons scripts de comédies écrits par des femmes, mais ils ont un mal fou à trouver preneur auprès des réalisateurs.
C’est aussi pour ça que vous vous lancez dans la réalisation ?
C’est le genre de situation où vous cherchez quelque chose que vous ne trouvez pas et où vous vous dites : « Bon, j’imagine que je vais devoir le faire moi-même ! » Il y a des réalisatrices géniales, mais elles semblent uniquement attirées par les drames : Sofia Coppola, Jane Campion, Susanne Bier, Lone Scherfig...
Vous venez de diriger un segment de l’anthologie New York, I Love You, qui sortira en France le 17 mars prochain. Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?
Réaliser est extrêmement difficile. Le respect que j’ai pour les metteurs en scène vient de décupler. Je n’avais que deux jours pour tourner et les conditions météo ont été atroces. Évidemment, mon segment se déroule en extérieur... C’était dur mais très excitant.
Qu’avez-vous découvert sur vous-même en endossant cette nouvelle casquette ?
Que j’adorais avoir le contrôle. (Rire.)
Propos recuellis par Mathieu Carratier
Février 2011 : Le triomphe de Black Swan
Juste avant de gagner l'Oscar de la meilleure actrice pour Black Swan, de Darren Aronofsky, Natalie Portman a raconté dans Première sa rencontre initiale avec le cinéaste, ainsi que sa découverte du métier de ballerine et ses propres exigences envers son travail d'actrice. Morceaux choisis.
Une première rencontre eut lieu en 2003. Natalie avait 21 ans et allait encore à la fac. « J’avais vu Pi et Requiem for a Dream, se souvient-elle. Je respectais déjà Darren en tant que cinéaste et j’étais donc très excitée à l’idée de travailler avec lui. J’étais également prête à patienter pendant sept ans puisque c’est le temps qu’il a fallu pour que le film se fasse. » « Quand je me suis rendu compte de la somme de travail, de discipline et de douleur nécessaire pour atteindre le degré de virtuosité des ballerines, je me suis mise à considérer le métier avec beaucoup plus de respect. »
(...)
« La scène dans le film avec la kiné, c’est du vécu, raconte l’actrice. Elle essayait réellement de me remettre la côte en place. Pendant les trois dernières semaines de tournage, je ne pouvais pas être soulevée normalement pour les portés, j’avais l’impression qu’on me poignardait. »
(...)
« Je suis très exigeante envers moi-même, avoue-t-elle. Je suis un soldat, au risque de mettre en péril ma liberté. Mais ça m’a aussi donné les outils qui m’ont permis de m’entraîner. » L’actrice met cependant une vraie distance entre elle et le personnage rigide qu’elle incarne dans Black Swan : « Je suis incapable de m’affamer ou de m’infliger volontairement certaines souffrances. Mais, dès que je travaille, je cherche à faire de mon mieux. » Sa conception de la discipline commande aussi de garder son calme et de rester une personne fréquentable. « Il y a des gens qui perdent leur humanité au nom de leur boulot et deviennent méchants sur le plateau. Je n’ai aucune tolérance vis-à-vis d’eux, ça me déconcentre complètement. »
Propos recuellis par Gérard Delorme
Janvier 2016: son projet coup de coeur sort enfin
Jane Got a Gun a eu une fabrication très compliquée, mais début 2016, Natalie Portman n'était pas peu fière de pouvoir enfin le présenter au public. Auprès de Premiere.fr, elle détaillait son autre casquette, celle de productrice capable de mener à bien un projet de film de A à Z.
Première : Comment avez-vous vécu le départ de Lynne Ramsay, le premier jour de tournage ?
Natalie Portman : Ca a été compliqué. Ce fut une épreuve très dure à traverser. Le fait que Lynne parte comme ça nous a tous affectés. Mais je remercie vraiment Gavin O’Connor d'avoir pu arriver aussi vite. Qu’il débarque avec sa propre vision et qu’il laisse son empreinte sur le film fut vraiment une bénédiction.
Le ton du film a-t-il beaucoup évolué avec le changement de réalisateur ?
Oui, évidemment. Deux cinéastes différents produisent forcément deux films complètement différents. Lynne et Gavin ont des visions radicalement différentes, et manières différentes de raconter des histoires ; en tant qu’actrice je voulais me glisser dans la vision du réalisateur, je voulais la servir. Ca a été compliqué de changer, mais pour moi, le cœur du travail d’un acteur est aider un réalisateur à imposer sa vision.
Sauf que dans ce cas précis, vous n’étiez pas qu'actrice. Vous étiez aussi productrice.
A la fin, il n’y a qu’un film qui est fait. Et qui sait ce qu’aurait fait Lynn ? Je suis très fière de ce qu’a réalisé Gavin et c’est toujours fou de penser que, malgré de si difficiles circonstances, on a réussi à livrer un film ; encore plus un film dont on puisse être fier.
Vous avez porté le projet pendant des années. Qu'est-ce qui vous intéressait ?
L’idée d’une femme au cœur d’un western. Et d’un western classique. Jane se retrouve au beau milieu d’une situation compliquée. Elle devrait fuir, mais elle ne peut pas et décide de se battre, de se battre pour elle ! C’est un voyage très fort pour ce personnage et forcément, ce parcours-là, cette résistance, me fascinait.
(...)
Jane Got A Gun : Histoire du film maudit de Natalie PortmanEt quel serait le sujet de Jane Got A Gun pour vous ?
C’est un film d’amour au temps du Wild West. Jane doit retrouver l’ancien père de sa fille et elle est prise entre l’homme qui s’est occupée d’elle et l’homme qui ne l’a pas forcément bien traitée mais qu’elle a aimé. Le hasard les réunit et ce triangle va devoir se battre pour survivre. C’est ça qui m’intéressait, ça et le parcours de Jane.
Comment avez-vous approché ce rôle ?
J’ai lu beaucoup de romans sur les pionnières. Les journaux intimes des femmes de l’époque. Ce qui est frappant c’est la violence qu’elles subissaient. Je crois qu'on n'imagine pas ce qu'elles enduraient. Les maladies, les bagarres, les intempéries, la mortalité, les sauvages…
On a l'impression que vous êtes arrivée à un moment spécial de votre carrière. Comme si vous étiez à la croisée des chemins. Actrice, productrice, réalisatrice...
Oui, mais je n’ai pas envie de choisir. D'ailleurs, je ne sais pas s’il faut choisir. J’aime essayer des choses différentes.
Mais que représentent ces différents choix pour vous ?
Je suis productrice parce que je veux créer des rôles pour moi. Je n’avais pas forcément les auteurs ou les matériaux que je désirais. Ni les rôles. Quand tu n’es qu’actrice, tu es censée faire ton travail et c'est tout, et je suis arrivée à un moment où j'ai envie d'un peu plus.
Propos Recueillis par Gaël Golhen
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