Première
par Christophe Narbonne
(...) Buried, c’est à la fois un survival irrespirable (chapeau à la mise en scène tendue de Cortés), une réflexion sous-jacente sur le sens de la vie et une parabole politique. Bref, un film organique, existentiel et engagé dont le script audacieux a été refusé par tous les studios. Comme son titre (« enterré », en français) et son sujet l’indiquent, Buried symbolise l’enlisement des États-Unis en Irak. Paul Conroy est moins la victime de guérilleros locaux revanchards que celle d’une administration américaine trop sûre d’elle. Les échanges téléphoniques avec ses compatriotes sont, à cet égard, confondants de cynisme, voire d’irresponsabilité. Américain moyen (c’est un camionneur venu cachetonner en Irak pour gagner plus d’argent), Conroy incarne aussi tous ces anonymes que la crise mondiale a essorés. On peut comprendre pourquoi, dans ces conditions, le public américain a boudé un film qui lui renvoie une image aussi négative. Il est temps d’inverser la tendance.