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Quelle part de Vern Schillinger (son personnage de Oz) y a-t-il chez Fletcher?C’est vrai qu’ils se ressemblent. Ils sont tous les deux blancs et chauves. Hé hé. Et ils ont un autre trait commun : si vous leur demandez pourquoi ils font les horribles choses qu’ils font, chacun vous dira qu’au fond, c’est par amour. Dans le cas de Vern, il s’agit d’un amour tordu pour "son peuple", la race aryenne. Dans le cas de Fletcher, c’est par amour pour la musique et la nécessité de ne pas lui manquer de respect. Par perfectionnisme, il est prêt à tout, même à flageller ces gamins, afin d’obtenir qu’elle soit juste. Ils sont tordus tous les deux, et assez semblables, même si Fletcher n’est pas prêt à tuer.Pour le spectateur, il n’y a aucun doute que le méchant est plus excitant que le héros vertueux. Est-ce la même chose en tant qu’acteur ?Absolument ! Mais j’aime aussi l’autre côté. Lorsqu’on m'a proposé d'incarner Vern Schillinger, j’avais joué au théâtre pendant 15 ans, et je n’avais encore presque rien fait pour la caméra. A l’époque, j’étais quand même préoccupé par les conséquences possibles d’un tel rôle pour la suite de ma carrière. Ce personnage avait le potentiel pour devenir très célèbre, et je n’avais pas l’intention de le jouer pour le reste de ma vie. J’ai presque refusé le rôle pendant mon entrevue avec Tom Fontana. Il ma assuré que nous trouverions un moyen de le faire correctement. D’abord, le personnage se présenterait comme bon, avant d’évoluer vers ce type horrible que les spectateurs apprendraient à connaître et à aimer. J’ai eu de la chance parce que juste après les premières diffusions d’Oz, on m'a proposé le rôle d'un psychiatre dans Law and order, qui se tournait également à New York à l’époque. Les deux personnages s’équilibraient, et on pouvait choisir entre le psychopathe ou le psychiatre. C’était bon de montrer que j’étais capable de varier les registres. La majorité des acteurs essaie d’éviter de répéter la même chose encore et encore.Interview Gérard DelormeWhiplash de Damien Chazelle avec Miles Teller, J. K. Simmons et Melissa Benoist était présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et sortira en salles le 24 décembre prochain