Affiches Films à l'affiche mercredi 17 janvier 2024
Walt Disney/ Apollo Films/ UFO

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
PAUVRES CREATURES ★★★☆☆

De Yórgos Lánthimos

L’essentiel

Yórgos Lánthimos signe un conte bizarroïde sur une femme-enfant en quête d’émancipation. Sûrement le plus grand rôle d’Emma Stone.

Un savant fou ramène à la vie une jeune femme (Emma Stone) et lui implante le cerveau de l’enfant qu’elle portait au moment de son suicide. Ce nouvel être, Bella, réfléchit et s’exprime comme un bébé mais dans un corps d’adulte. Ses progrès sont d’abord surveillés par un précepteur, avant que cette créature n’aille étancher sa soif de connaissances et explorer sa sexualité en suivant un avocat charmeur à travers les continents. Plus libertaire que jamais, Yórgos Lánthimos signe un conte de fées existentiel et dérangé, qui se demande ce qui reste de l’individu dans nos sociétés rigides. Hilarante bien qu’un peu répétitive, cette quête d’émancipation féminine en équilibre précaire doit beaucoup à la performance hors normes et joyeusement impudique d’Emma Stone.

François Léger

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PREMIÈRE A AIME

COMME UN PRINCE ★★★☆☆

De Ali Marhyar

Il y a bien sûr du Rocky dans cette « dramédie » sur la transmission. Il y a aussi une « vibe » british, cette pointe d'humour qui parcourt le cinéma anglais, même dans ses drames sociaux les plus poignants mais accompagné par un mélange d'humours à la française. Au pluriel, car c'est bien là qu'Ali Marhyar marque des points sur ce premier long : en mixant avec fluidité les styles particuliers de Jonathan Cohen ou de Jonathan Lambert à celui d'Ahmed Sylla, il parvient toujours à viser juste. Incarnant un boxeur devenu coach malgré lui et devant effectuer des TIG au château de Chambord, le comédien s'efface pour laisser la part belle à Mallory Wanecque (Les Pires), boule d'énergie et de puissance comique ou dramatique en fonction de l'évolution de son joli personnage. Après ce rôle de boxeuse en herbe pleine de vie, on a hâte de la retrouver dans L'Amour ouf de Gilles Lellouche, où sa spontanéité promet de faire mouche.

Elodie Bardinet

LA TÊTE FROIDE ★★★☆☆

De Stéphane Marchetti

Stéphane Marchetti a directement puisé dans les rencontres faites pour son documentaire Calais, les enfants de la jungle (2017) - consacré aux migrants mineurs tentant de passer en Angleterre - pour sa première fiction, dont il a situé l’intrigue au seuil d'une autre frontière, entre l'Italie et la France. Florence Loiret- Caille y frappe par sa justesse. Elle joue une femme fauchée qui survit grâce à un petit trafic de cigarettes, dont le quotidien bascule quand elle croise un réfugié africain (Saabo Balde, tout aussi juste) prêt à tout pour retrouver sa petite sœur, qu’elle va aider par humanité et pour se sortir la tête hors de l’eau. Si le récit ressemble trop au récent Le Prix du passage pour ne pas bégayer, sa réalisation inspirée, alternant entre caméra à l’épaule et moments plus posés, permet au film de faire entendre sa propre voix, dans une tension étouffante jusqu’à sa conclusion plus complexe qu’il n’y paraît.

Elodie Bardinet         

ANIMAL ★★★☆☆

De Sofia Exarchou

Alors qu’émerge le soleil d’été, des touristes avides d’évasion pullulent sur une petite île grecque. Les animateurs saisonniers d’un hôtel all-inclusive s’activent, Kalia en tête. Un hôtel devenu sa cage, et elle, un petit oiseau incapable de prendre son envol. Par habitude, elle a banalisé ce milieu frénétique qui a transformé son corps en machine de divertissement hyper-sexualisée. Une expérience mise en exergue face à celle d’Eva, nouvelle recrue encore rêveuse. L’une s’émancipera, l’autre capitulera, mais les deux finiront apathiques de ce quotidien morose. D'un réalisme grisant, l’approche presque documentaire de Sophia Exarchou (qu’on avait découverte à l’été 2020 avec son premier long métrage Park, apprécié dans ces colonnes) retranscrit la douleur féminine comme expérience collective avec une véracité troublante. 

Lucie Chiquer

KRISHA ET LE MAÎTRE DE LA FORÊT ★★★☆☆

De Park Jae- beom

Tiens, de la stop-motion coréenne ! C’est l’histoire d’une jeune fille qui doit retrouver un esprit-ours pour sauver sa maman, tandis qu’un horrible industriel veut les chasser de leurs terres ancestrales… Une micro aventure dépouillée, un brin statique, qui traite assez frontalement de ses thèmes sombres et complexes. Ceci dit, si on a moins de dix ans et qu’on ne connaît rien au chamanisme ou à l’exploitation capitaliste, c’est une chouette intro.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LES CHAMBRES ROUGES ★★☆☆☆

De Pascal Plante

Après la nageuse de l’excellent Nadia butterfly, Pascal Plante poursuit son exploration de personnages féminins complexes mais en mode thriller. Puisque ses deux héroïnes, obsédées par un tueur en série, cherchent, pendant son procès ultra- médiatisé, dans les tréfonds du darkweb la vidéo d’une des mises à mort de ses victimes qu’il a filmé. Plante distille non sans talent une atmosphère malaisante à la limite du soutenable mais se perd dans un scénario patinant de plus en plus au fil de ses trop longues deux heures.

Thierry Cheze

STELLA, UNE VIE ALLEMANDE ★★☆☆☆

De Kilian Riedhof

En interprétant Stella Goldschlag, Paula Beer essaie de s’inscrire dans la lignée des héroïnes complexes de Fassbinder. Mais ici, la subversion est comme engloutie par une reconstitution lisse et sans accrocs de l’Allemagne nazie. Si l’on ne ressent jamais l’horreur et les remords qu’éprouve cette chanteuse de jazz juive lorsqu’elle décida de collaborer pour sa propre survie, son rire lors du verdict à son procès fait office de sursaut, de ceux qui glacent le sang.

Nicolas Moreno

 

PREMIERE N’A PAS AIME

LE VOYAGE EN PYJAMA ★☆☆☆☆

De Pascal Thomas

Réalisateur depuis cinquante ans de films- culte comme Pleure pas la bouche pleine ou Les Zozos, Pascal Thomas imagine justement son nouvel opus comme un tour de piste où un prof de lettres en vacances revisite les lieux de son passé et fait l’inventaire de ses relations. Quadragénaire déjà blasé par son mariage, Victor se retrouve sans clés et en pyjama après avoir accompagné son épouse à l’aéroport. Sa déambulation sur les routes champêtres va alors le pousser à retrouver d’anciennes conquêtes mais aussi à formuler des considérations existentielles quelque peu narcissiques. Si ce personnage semble regretter une époque où les relations hétérosexuelles étaient plus simples (un segment du film dévolu à la GPA laisse en cela hors- sol), rien n’est fait pour rendre ce mâle, interprété par Alexandre Lafaurie, véritablement attachant. Et ce voyage en pyjama de se révéler, plutôt que vivifiant, soporifique.
 

Damien Leblanc

 

Et aussi

Primadonna, de Marta Savina

Si proche du soleil, de Benjamin Rancoule

Les reprises

La Faute à Voltaire, de Abdel Kechiche

Husbands, de John Cassavetes

Ju Dou, de Zhang Yimou