Gaumont - La passion de Dodin Bouffant, affiche
Gaumont

Le réalisateur de La Passion de Dodin Bouffant n’a pas compris le bashing dont son film a fait l’objet pour avoir été choisi comme représentant de la France, plutôt qu'Anatomie d'une chute.

Il y a quelques jours nous interviewions à Paris, le cinéaste Trần Anh Hùng pour évoquer ses choix de mise en scène dans la réalisation de La Passion de Dodin Bouffant, présenté – et récompensé – lors du dernier Festival de Cannes. Son film, libre adaptation d’un roman de 1924, La vie et la passion de Dodin-Bouffant gourmet, signé Marcel Rouff, raconte le quotidien d’un bourgeois de la fin du XIXe passant le plus clair de son temps dans sa cuisine à élaborer des plats. Benoît Magimel dans le rôle-titre partage l’affiche avec Juliette Binoche, 24 ans après Les amants du siècle de Diane Kurys.

Quelques jours avant notre rencontre, une campagne de dénigrement s’est abattue sur le film suite au choix du comité de sept professionnels dont les cinéastes Olivier Assayas et Mounia Meddour, d’en faire le représentant de la France aux Oscars. D’aucuns auraient vu la Palme d’or, Anatomie d’une chute de Justine Triet, mériter cet honneur. Ils l’ont fait savoir à coup d’éditos rageurs pour la plupart « likés » et « relayés » sur les réseaux sociaux par Justine Triet et sa productrice, Marie-Ange Luciani.

Elisabeth Borne refuse de voir Anatomie d'une chute

Vindicte cinéphile

« Anatomie d’une chute et La Passion de Dodin Bouffant sont pour nous, respectivement, le meilleur et le pire film de l’année », écrivait Jean-Marc Lalanne des Inrocks. « Un choix “made in France” un peu indigeste », surenchérissait Marie Sauvion de Télérama rebaptisant au passage le film : « Anatomie d’un pot-au-feu ».

Cette vindicte cinéphile prenait donc appui sur le long-métrage de Trần Anh Hùng taxé de « qualité française », pour s’indigner contre la vision d’une France idéalisée qu’en secret le gouvernement voudrait voir rayonner à l’étranger : Dujardin en mode « saucisson » à la cérémonie d’ouverture de la Coupe du monde Rugby et donc Binoche-Magimel façon « carré de veau » au cinéma. 

Trần Anh Hùng
ABACA

« Refus de l’exubérance »

Un tollé qui a surpris le cinéaste franco-vietnamien : « Personne n’est venu remettre en cause la décision du jury du Festival de Cannes de décerner la Palme d’or au film de Justine Triet et c’est parfaitement normal. Pourquoi, faudrait-il aujourd’hui remettre en cause celle du comité qui désigne le représentant français des Oscars ? Je n’ai pas compris cette violence. »

Quant à l’esprit français dont il serait le chantre, il assume : « Je pense, en effet, l’avoir traduit avec La passion de Dodin Bouffant, par ce refus de l’exubérance et de l’ostentation. Mes influences restent toutefois japonaises. La recherche constante de l’humanité vient d’Ozu, l’amour des plans séquences et du dispositif de Mizoguchi. Enfin, la structure très complexe du scénario, où le sens et les émotions sont emmêlés, de Kurosawa... »

L’intégralité de cette interview est à lire dans le prochain numéro de Première à paraître le 25 octobre.