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Alan Moore, le légendaire scénariste des comics Watchmen et V pour Vendetta, se mettrait-il au cinéma pour de bon ? Moore a en effet écrit deux courts-métrages, dont le premier, Act of Faith avec Siobhan Hewlett (vue dans les séries télé Torchwood et Sherlock), a été tourné à Londres sous la direction de Mitch Jenkins, photographe et ami de Moore. Le deuxième, Jimmy’s End, se tournera cet été. Les courts -dont l’univers mélangerait polar et occultisme, sans que l’on en sache plus- seront rassemblés sous le nom de Show Pieces. La première aura lieu à new York en octobre sous la houlette du Creator’s Project (un site de soutien des artistes contemporains). Une affiche provisoire de Act of Faith ne montre rien de plus q’un visage mystérieux caché par du tissu...Le rapport d’Alan Moore au cinéma a toujours été conflictuel. « Au moins, quand j’ai écrit une BD de merde, ça n’a pas coûté le budget d’un pays en voie de développement », déclarait Moore à l’occasion. Dans les années 80, Norman McLaren (le créateur des Sex Pistols) lui a commandé une version contemporaine de La Belle et la bête située dans le milieu de la mode : intitulé Fashion Beast, le script n’a jamais été mis en chantier. A la différence de Ragnarok (1983), un travail de commande pour un obscur dessin animé de SF sorti seulement en VHS en Angleterre et bien introuvable aujourd’hui. Moore a rompu avec le monde du cinéma suite à la production de La Ligue des Gentlemen extraordinaires (2003) : le cinéaste de série B Larry Cohen ayant déposé plainte envers la 20th Century Fox pour plagiat de son script A Cast Of Characters. Une plainte vide de contenu, mais qui fut réglée en douce par la Fox en-dehors des tribunaux, sans l’avis de Moore qui prit cela comme un aveu de culpabilité de la part du studio. Et un grave préjudice à sa réputation de scénariste : l’expérience l’a marqué à tel point qu’il a refusé que son nom apparaisse au générique de V pour Vendetta produit par les frères Wachowski (2005) et Watchmen de Zack Snyder (2008). Pour mieux marquer son mépris, il a même refusé de toucher des royalties pour ces films qui ont bien évidemment été développés sans son accord ni sa participation. Autant dire que ces Show Pieces, écrits spécifiquement pour l’écran par Moore, sont de petits événements en soi.Mais le style d’Alan Moore -très verbeux, très complexe- et ses obsessions (il se considère comme un magicien et accomplit des cérémonies ésotériques) peuvent-il passer au cinéma sans dommage ? Réponse en octobre prochain, pour les chanceux qui pourront voir Show Pieces -car aucun projet de distribution standard du film n’est pour l’instant envisagé.