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Sorte de Roméo et Juliette façon Dogme tourné à l’arraché dans les rues de Paris, Rengaine oppose une jeune Maghrébine amoureuse à ses 40 (!) frangins, très hostiles à l’idée qu’elle veuille épouser un Noir... En abordant un sujet dont on ne parle jamais (le racisme intercommunautaire), Rachid Djaïdani gratte à sa façon les plaies identitaires de la France d’aujourd’hui. Le constat qu’il dresse serait d’ailleurs franchement déprimant si le film n’était pas porté de bout en bout par un humour renversant, un culot monstre et une énergie
sidérante.
Toutes les critiques de Rengaine
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Sympathique, drôle, surprenant, (...) Mais là où Rachid Djaïdani frappe fort, et déjoue les attentes, c'est dans la scène étonnante qui confronte Slimane et l'un de ses frères, qu'il a toujours rejeté parce qu'il était homosexuel. Douloureuse et juste, cette scène est comme un éclat de vérité brute qui donne au film toute sa force.
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Rachid Djaïdani met en scène une sorte de Roméo et Juliette black et beur pour dénoncer le racisme entre communautés. Un joyau brut.
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Le ton est sobre, percutant, résonne d'une sincérité peu commune. Surtout, Rachid Djaïdani fait exister ses acteurs, leur confère une présence brute.
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par Jean-Philippe Guerand
Cette fable sur l’intolérance ordinaire déploie une mise en scène qui se met au service de ses protagonistes, ceux-ci étant campés par des interprètes épatants bien que peu connus, à commencer par Stéphane Soo Mongo. Certes, vivre ensemble dans la société française de 2012 suppose des concessions réciproques et il y a à peu près autant d’antagonismes que de minorités, mais Rachid Djaïdani ne se pose jamais en donneur de leçons. Sa réflexion sur la laïcité en est d’autant plus profonde.
S’amusant du ridicule de ces frères désespérés pour pas grand chose, bénéficiant d’un second degré enthousiasmant et d’une liberté de filmer qui rappelle celle d’Abdellatif Kechiche (« La graine et le mulet »), maniant des thèmes complexes, « Rengaine » n’est pas une rengaine de plus sur la mixité, mais un joli moment de cinéma malin malgré le manque de moyens
Film fauché, Rengaine réjouit par son art de la débrouille et une énergie sans pareille. Rachid Djaïdani capte avec intelligence les travers de notre époque.
Esquivant avec humour l’artificielle linéarité d’un récit classique, ‘Rengaine’ parvient à capter des moments saisissants de réalité, à travers des fragments d’existence trop peu vus au cinéma (notamment ces lascars gouailleurs), avec une proximité et une intensité qui évoquent intelligemment la démarche d’un Cassavetes - ou, côté européen, de la Nouvelle Vague ou du néo-réalisme italien - sans jamais se perdre dans des références ou citations. A la fois légendaire et quotidien, humble et audacieux, ‘Rengaine’ est d’une liberté inespérée pour un premier film.
Sans peur de la prise de risques et du décalage, le comédien Rachid Djaïdani signe un premier long-métrage audacieux, qui emporte son spectateur grâce à l’énergie du récit et des personnages.
Ils s'aiment et veulent se marier. Problème : il est africain et catholique, elle est arabe et musulmane. Les familles s'en mêlent... Une fable brillante, originale et bourrée d'énergie sur l'intolérance et les préjugés entre communautés.
Rachid Djaïdani signe un "petit" film de 1 h 15, percutant et libre, qui en dit cent fois plus que beaucoup d’autres sur l’amour, l’hypocrisie, les préjugés, le racisme qui séparent les communautés jusqu’à la haine. Tourné par à-coups pendant neuf années (sa caméra affranchie part parfois dans tous les sens et boxe avec l’écran), Rengaine s’impose furieusement comme un condensé d’humour et d’énergie, avec ses acteurs impeccables. Monté sans gras, le propos et l’émotion vont toujours à l’essentiel. Les dialogues swinguent, les amitiés tombent sur un mot, les amours s’accrochent et la fin, totalement réussie, vous cueille. Un vrai coup de coeur.
Ce film ténu, enlevé à l'énergie, force le respect dans sa manière à la fois résolue et éperdue d'aller à la rencontre de lui-même.
Élaboré pendant neuf ans, ramassé en 75 minutes, ce Romeo et Juliette bricolé sur le pavé parisien tire aussi bien profit de son sens de l'instantané que de sa maturation lente.
Un film unique qui provoque des rires, mais nous fait aussi frémir (...) Cette rengaine a tout d'un tube !
Le naturel des acteurs et l'inventivité des prise de vue complètent cette ébouriffante première oeuvre.
Rengaine avance comme un thriller heurté, avec une énergie propre. Le film dérange, forcément, il trébuche, souvent, mais porte sur lui les signes extérieurs d’une inexhaustible liberté. C’est encore son réalisateur qui en parle le mieux: «Mon film est un boxeur borgne mais il a bon uppercut» – voilà.
Il a fallu neuf ans à Rachid Djaïdani pour concrétiser ce formidable film sur la France black-blanc-beur, qui parle du racisme intercommunautés avec intelligence et humour.
De ces films qui permettent de se rendre compte que le cinéma français est encore capable de faire surgir, au milieu d’une production dans l’ensemble sclérosée, des gestes libres, pleins de fraîcheur, des expériences, de la confiance en ce que l’on exprime et de la joie de l’exprimer.
Loin des clichés, Rengaine, crucifie les hypocrisies et assomme les préjugés.
Zéro budget et neuf ans de tournage pour un Roméo et Juliette remixé en chronique urbaine dans le chaudron des communautés noire et d’origine arabe en France. Du cinéma-guérilla fougueux et inventif.
Née dans des conditions très singulières, cette ode à la différence est portée par l’énergie et la sincérité de ses protagonistes.
Une plongée au coeur des racines du racisme, une ode à la différence, un cinéma-vérité poétique.
"Rengaine" pointe les tensions inter-communautaires par le biais des a priori sociaux. La dénonciation est d'une grande maladresse, mais le récit ménage, grâce à ses comédiens, des séquences savoureuses.
Comme son titre l'annonce intelligemment, Rengaine n'est pas nouveau et ne révolutionne rien. Aucune importance, car ce n'était pas le but recherché. Ce qui frappe et tient au corps, ici, c'est la soif de cinéma de son auteur, Rachid Djaïdani. Elle transpire à chacune de ces séquences filmées en caméra numérique de manière parfois maladroite mais toujours avec l'envie de servir le propos plutôt que de l'illustrer platement. Une énergie cohérente avec le fait que Djaïdani a tourné cette chronique sans aucun financement et sur plusieurs années. Ce qui donne sacrément envie de voir son second film.
A la fois parabole sur la tolérance et fable sur l'amour qui transgresse les préjugés, Rengaine porte bien son nom. Mais ce n'est que grâce à la succession de saynètes souvent inattendues et à l'abattage de comédiens amateurs, que l'on endure la réalisation assommante.
La singularité revendiquée par Rengaine ne tient pas à son argument mais à son geste, grand coup de pied dans la boîte préparé pendant neuf ans de galère, neuf ans à filmer comme on peut, là où on peut. Seul hic : on ne voit pas vraiment dans quoi shoote cette romance hip-hop, « assez peu correcte politiquement » dixit Libé.
(...) du bon sentiment dans ce plaidoyer pour la tolérance et la liberté qui ressemble à un catalogue des situations les plus stéréotypées.