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La Vie pour de vrai | Thierry Chèze |
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La Plus belle pour aller danser Collégienne déphasée et sans amis, Marie-Luce vit dans une pension de famille pour seniors dirigée par son père (Philippe Katerine). Un jour, elle s’incruste à une soirée déguisée en homme et s’invente un double masculin, Léo. Ses camarades s'intéressent enfin à elle, dont Émile, sur qui elle a flashé. Mais Émile tombe sous le charme de Léo et pas de Marie-Luce… Récit d’initiation porté par la découverte Brune Moulin (primée au festival de l’Alpe d’Huez), le film de Victoria Bedos repose sur la belle idée d'une relation contrariée par une identité genre pas encore définie. |
François Léger |
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La Mine du diable Il y a quelque chose de rugueux dans la manière dont Mine du diable dévoile ses premières scènes, dont le noir et blanc mystique ternit l’éclat des rêves dorés. La couleur nous est arrachée, l’espoir avec. Celui de Jorge surtout, jeune chauffeur qui traîne sa moto- taxi et sa misère dans la banlieue de Lima. Débute alors sa ruée vers l’or vertigineuse, sur le toit des Andes péruviennes. Le mal des montagnes nous prend, celui du Diable aussi. |
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Jours sauvages Trois personnages – une étudiante basculant dans la prostitution, un trader en pleine ultra- moderne solitude et un dealer qui commence à faire ses gammes – aux destins mêlés avec en commun un lien avec l’argent qui va les conduire à leur perte. Il y a du Déjà mort de Dahan dans la manière dont Lanzmann tente d’embrasser son époque. Et si son scénario tourne en rond, l’atmosphère créée par le beau travail de la lumière de Pascal Lagriffoul, le chef op’ de Jérôme Bonnell et une BO démente maintient le film à flot. |
Thierry Chèze |
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Habib, la grande aventure | Thierry Chèze |
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La Dernière Reine Un film historique dans tous les sens du terme. Le portrait de la Reine Zaphira qui tint tête au pirate Barberousse dans sa conquête du royaume algérien en 1516. Et le tout premier drame en costumes du septième art algérien. Se lancer dans un projet aussi ambitieux – qui plus pour des débuts dans le long - nécessite une part d’inconscience. Mais malgré quelques longueurs et maladresses, Damien Ounouri et Adila Bendimerad (qui joue – très bien ! – Zaphira) ont du panache à revendre. |
Thierry Chèze |
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La Conférence Ce film historique reproduit la réunion du 20 janvier 1942 entre plusieurs dignitaires du régime nazi qui décidèrent de mettre en œuvre la Solution Finale qui causa la mort de six millions de Juifs. Il met en scène un terrifiant décalage entre le calme de la campagne où a lieu cette conférence et l’horreur de ses conséquences. Mais l’aspect figé des discussions rend l’exercice de style très répétitif et fastidieux. |
Damien Leblanc |
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Blue Jean Une héroïne, une femme, la trentaine. Le jour, Jean (Rosy McEwen, une révélation), coupe au bol et regard bleu, est professeure de sport dans un petit collège réac du Nord de l’Angleterre. Le soir, elle s’engouffre dans les boîtes de nuit queer avec sa petite-amie. Mais. On est en 1988 et Thatcher vient d’adopter une loi qui stigmatise la communauté LGBTQ. Entendre : elle met sur le même plan homos et pédophiles. Blue Jean, premier long-métrage de la jeune Georgia Oakley, dessine le portrait d’une femme en conflit interne, obligée de se cacher pour vivre. |
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Avant l'effondrement Premier film (co-)réalisé par l’autrice Alice Zeniter, dont le héros fait l’effet d’une incarnation générationnelle appuyée : trentenaire citadin de tempérament anxieux, de sensibilité écologique et de mœurs adulescentes. Sur fond de campagne municipale (il travaille pour une candidate verte à Paris) et de canicule, le film désigne pour horizon la crise environnementale mais son récit s’enclenche sur un argument sentimental assez nunuche : la réception d’un test de grossesse anonyme, qui va amener Tristan à remonter le fil de ses ex pour retrouver l’expéditrice. |
Théo Ribeton |
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Chien de la casse A force de zoner dans les mêmes eaux, le cinéma fossilise l’espace et ceux qui y habitent. Ainsi Paris et sa proche banlieue n’ont plus grand-chose à nous donner, sinon des archétypes. C’est encore pire pour la province (rien que le terme générique induit un territoire indéfini et fourre-tout) envisagée peu ou prou, comme une terre de notables chabroliens ou de paysans fleurant bon le terroir. En découvrant ce Chien de la casse, on a ainsi cette agréable sensation d’entrer dans un angle mort, une de ces villes et villages entre-aperçues dans le lointain depuis une autoroute. |
Thomas Baurez |
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Evil dead rise Chouette, un nouveau Evil Dead ! C’est suffisamment rare pour qu'on le remarque. Alors que la série Scream, revigorée, est bien partie pour nous donner rendez-vous chaque année, on dirait que les Evil Dead doivent, eux, nécessairement arriver sur les écrans à la suite d'un long chemin de croix. Drôle de franchise, oui. Pas vraiment franchisable, en fait ? Le précédent Evil Dead, date d'il y a dix ans, et remakait le film original avec beaucoup de premier degré. Sans lancer une franchise. |
Sylvestre Picard |
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Sur L'Adamant L’Adamant est un Centre de Jour édifié sur la Seine au cœur de Paris, accueillant des adultes souffrant de troubles psychiatriques, leur offrant un cadre de soins mais aussi des ateliers culturels afin de les aider à retrouver un peu d’élan. C’est cette péniche unique en son genre que Nicolas Philibert a choisi de raconter dans ce documentaire. Mais l’explication de texte sur le lieu n’arrive qu’au carton final, geste qui donne les clés de sa démarche. |
Thierry Chèze |
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Une histoire d'amour Golden boy du théâtre français collectionnant les Molières, Alexis Michalik fait ici un pas de côté. Révélé par des fresques historiques au rythme palpitant (Le Cercle des Illusionnistes, Edmond qu’il avait adapté en 2019), il s’essaie à une histoire contemporaine, tragi- comédie romantique qui ambitionne de nous émouvoir. |
Thierry Chèze |
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Le Prix du passage | Thierry Chèze |
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Loup & chien Sur une île religieuse du Portugal, au large des Açores, l’ado Ana guette l’avenir. Cheveux crépus, joues de porcelaine, œil mélo. Son visage dit tout. Il (se) cherche. Sans insouciance, ni fatalisme. Ana rencontre Cloé, reste en famille, tient des mains, survole les vagues, se recueille auprès du curé (scène remarquable), n’aime pas, pose sa tête sur l’épaule de Luis, crayonne ses yeux, se mêle à la communauté queer. Espère surtout fuir l’île et ses traditions archaïques. Loup et chien ose la fluidité. De l’âge de l'héroïne à sa sexualité naissante. |
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Désordres Le hasard des sorties permet parfois à certains films de dialoguer. Comme ce long métrage de Cyril Schaüblin avec L’Apprenti, sorti la semaine dernière. L’idéologue anarchiste Pierre Kropotkine infiltrant une usine de montres suisse à la fin du 19ème siècle a quelque chose de l’ancêtre du prof de fac marxiste agissant de même dans une usine Citroën de la France post mai 68 chez Gokalp. Les deux cinéastes y font œuvre de parfaits portraitistes de ces hommes et ces femmes résistant contre l’aliénation du travail à la chaîne. |
Thierry Chèze |
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Dancing Pina Que peut la danse ? « Tout » semble dire le documentaire. Surtout l’école sensorielle de Pina Bausch, figure de la danse contemporaine en Allemagne. « Quand vous êtes sur scène, il n’y a pas d’échappatoire », « On ne peut pas imiter les autres, on ne peut qu'être fidèle à soi-même », « Abandonne-toi, exprime-toi », « N’aies pas peur d’être grande, sois toi-même », entend-on çà-là. Et les corps se meuvent. |
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La Course aux oeufs Un coq et une poule mexicains, tout récent parents de deux charmants petits œufs, voient ceux- ci kidnappés par un grand chef proposant un menu à base de rares variété d’œufs au cœur de l’Afrique et entreprennent un long voyage, forcément riche en péripéties, pour les retrouver. Voilà pour la trame de ce film d’animation réservé où un jeune public, pensée par ses deux réalisateurs mexicains comme une parabole autour des kidnappings d’enfants qui gangrènent depuis des années leur pays. |
Thierry Chèze |
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Les Complices Ça commencerait presque comme une blague Carambar : « Quel est le comble pour un tueur à gages ? De s'évanouir devant la moindre goutte de sang ! » Sur ce pitch aussi simple que parfaitement poilant, Cécilia Rouaud (Photo de famille) signe un film singulier aux accents coeniens - ambiance Sang pour sang et Fargo. Dans la peau de Max, tueur quinqua en retraite forcée pour cause de malaises vagaux, on retrouve François Damiens et sa géniale gueule de six pieds de long. |
François Léger |
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La Colline Kirghizistan. Une décharge à ciel ouvert. Là-haut, sur la colline de déchets, se joue un sursaut d’humanité. Des corps déambulent entre les ordures, les rogatons et les gaz toxiques. Trois visages se distinguent, discutent et dissertent. D’amour, de liens, d’alcool, d’abîme et autres. Et l’homme, ancien sniper bourré de traumas, d’avouer : « Je bois pour m’endormir ». Plus loin, après son labeur, une mère pleure les cinq enfants qu’elle a perdus. Elle dit préférer le travail dans la déchetterie plutôt que dans les champs, car « là-bas, on te paie trois jours plus tard ». |
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Brighton 4th Brighton Beach où se déroule la majorité de ce film (à l’exception notamment d’une géniale scène d’ouverture en Géorgie) sera familier aux amoureux du cinéma de James Gray car le surnom de ce quartier new- yorkais peuplé d’immigrants de l’ex- URSS n’est autre que… Little Odessa ! L’ombre de ce chef d’oeuvre plane donc sur ce troisième long de Levan Koguashvili mais sans jamais l’écraser. Car il y a quelque chose de puissamment attachant dans le voyage qu’entreprend son héros, ex champion lutte géorgien vers New- York pour venir en aide à son fils, étranglé par des dettes de jeu. |
Thierry Chèze |
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Les Aventures de Ricky Il y a des suites qui veulent ressembler à de nouvelles premières fois : désolé pour cette phrase qui ressemble à la phrase d’accroche d’un best-seller de développement personnel, mais elle colle parfaitement à ce que veut être Les Aventures de Ricky. Car il s’agit de la suite du Voyage de Ricky sorti en 2018. |
Sylvestre Picard |
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L'Automne à Pyongyang, un portrait de Claude Lanzmann Les lecteurs de l’autobiographie de Claude Lanzmann (1925 – 2018), Le Lièvre de Patagonie se souviennent forcément de cet épisode romanesque où le jeune journaliste-intellectuel envoyé en Corée du Nord en 1958 entame une liaison amoureuse forcément interdite avec une jeune infirmière de Pyongyang. Au crépuscule de sa vie, Lanzmann était revenu sur les lieux de cette liaison passagère pour son film Napalm (2017). |
Thomas Baurez |
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Alma viva Du haut de ses 9 ans, Salomé vient passer de douces vacances d’été dans le village portugais d’où sa famille est originaire. Mais quand sa grand-mère meurt soudain, la petite fille se retrouve hantée par l’esprit de cette ancêtre que tout le village considérait comme une sorcière. |
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10 jours encore sans maman Trois ans après le déjà peu convaincant 10 Jours sans maman, le réalisateur Ludovic Bernard remet le couvert avec une suite dont l'existence ne semble justifiée que par les 1,1 million d'entrées réalisées par le premier film. Pas mieux, peut-être même légèrement pire : cette fois le personnage de Dubosc (désormais père au foyer à temps plein) entend emmener toute sa petite famille au ski, mais madame annule à la dernière minute pour raisons de travail. Devinez qui va passer dix jours à la montagne seul avec les gosses ? |
François Léger |
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Les Âmes soeurs Au-delà de toutes considérations sur ce nouvel opus (le vingt-quatrième) d’André Téchiné, louons d’emblée cette façon - trop rare dans le cinéma français – qu’a l’auteur Des roseaux sauvages de faire du paysage un élément constitutif au récit. De cette capacité à inscrire ses personnages dans un territoire précis (ici les massifs des Pyrénées encerclent physiquement et dramatiquement les contours du drame qui se joue), la puissance cinématographique s’impose d’elle-même sans avoir recours au solennel. Tout débute par une déflagration en plein désert du Mali. |
Thomas Baurez |
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The Quiet girl Dans la course à l’Oscar du meilleur film étranger 2023, au milieu des cannois Eo et Close, du vénitien Argentina, 1985 et du mastodonte Netflix A l’Ouest, rien de nouveau, ce premier long faisait figure de petit poucet. Une cerise sur un gâteau déjà copieux pour celui qui est devenu le film le plus rentable de l’histoire du cinéma irlandais. Et autant de marques d’affection qui ne doivent rien au hasard. Car on peut parier sans prendre de risque insensé qu’aucun film ne vous serrera autant le cœur en 2023. |
Thierry Chèze |
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Suzume Selon la religion shinto, la terre du Japon est avant tout celle des kamis : des divinités qui habitent tous les recoins du pays -les ruisseaux et les rochers, les fleuves et les montagnes. Et la force surnaturelle de chacun de ces kamis est parfois nigimitama (force bienveillante), parfois aramitama (force brutale). |
Sylvestre Picard |
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Donjons & Dragons: L'Honneur des voleurs Une bande d’aventuriers lutte contre le complot d’une bande de mages maléfiques... Adapter Donjons & Dragons presque sérieusement, au premier degré, pourquoi pas ? Mais pourquoi, en fait ? |
Sylvestre Picard |
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Super Mario Bros, le film "Ce n’est pas de la publicité, c’est du cinéma !" hurle Luigi sur son frère Mario, alors que Jumpman (le premier Mario historique) joue à une borne d’arcade rétro dans la pizzeria Punch Out décorée de photos des vieux jeux Nintendo. Le film a commencé depuis moins de dix minutes (avec le thème original de Koji Kondo comme amuse-bouche, bien sûr), et il vous intime littéralement l’ordre de ne pas le considérer comme ce qu’il est pourtant, comme ce que le spectateur a payé pour venir voir sur grand écran : une pub géante pour l’univers Nintendo. |
Sylvestre Picard |