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Eternal daughter

Un an après la découverte enthousiasmante de son travail avec The Souvenir, on attendait avec impatience le nouveau Joanna Hogg. Passé par la compétition vénitienne, il met en scène une artiste et sa mère âgée retournant pour un court séjour dans leur ancienne demeure familiale, transformée depuis en hôtel, où les souvenirs du passé vont bien évidemment ressurgir. La cinéaste britannique confirme son talent à créer des atmosphères envoûtantes, en s’aventurant ici sur le terrain du genre horrifique.

Thierry Chèze
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De grandes espérances

Changer la vie. En course pour l’ENA, Madeleine et Antoine, en couple, en ont l’envie chevillée au corps, avant qu’une altercation qui tourne au drame sur une route corse avec un habitant du cru vienne briser leur irrésistible ascension. Desclous (La Campagne de France) connaît la politique et ses coulisses. Il le confirme dans sa manière de camper les situations, de trouver des échos dans l’histoire récente de la gauche, de ne pas faire l’économie du jargon. Mais De Grandes espérances transcende le cadre du film politique.

Thierry Chèze
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Dalva

Ce fut l’un des chocs de la Semaine de la Critique 2022. Un premier long signé Emmanuelle Nicot qui embrasse le thème de l’inceste à travers une enfant de 12 ans (Zelda Samson, exceptionnelle), trop maquillée et court vêtue pour son âge, soudain retirée du domicile paternel… contre son gré et sans qu’elle en comprenne la raison. Un premier long qui vous prend aux tripes, raconté à la hauteur de sa jeune héroïne.

Thierry Chèze
GALERIE
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Chili 1976

Pour son premier long, Manuela Martelli remonte le temps jusqu’en 1976, année considérée comme l’une des plus sombres du régime de Pinochet alors au pouvoir depuis trois ans. Et c’est ce pan douloureux de l’histoire de son pays qu’elle explore avec superbe dans les pas d’une héroïne presque malgré elle, l’épouse d’un médecin qui, en acceptant d’aider en secret un jeune révolutionnaire, à la demande d’un prêtre, va se retrouver bien loin de sa vie bourgeoise paisible, sous la menace permanente de voir son secret découvert.

Thierry Chèze
3 Le Bleu du caftan

Doublement primé à Angoulême, le deuxième film de Maryam Touzani confirme la belle impression laissée par son premier long Adam. La réalisatrice dépeint cette fois- ci un triangle d’amours contrariées et impossibles à vivre en pleine lumière. Halim (Saleh Bakri, bouleversant) est marié depuis longtemps à Mina et ils sont les propriétaires d’une boutique de caftans à Salé au Maroc. Halim aime Mina mais son désir le porte ailleurs, vers les hommes. Et l’arrivée d’un jeune apprenti dans leur magasin va forcément modifier cet équilibre précaire, déjà mis à mal par le cancer de Mina.

Thierry Chèze
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Saules aveugles, femme endormie

L’œuvre du romancier vedette japonais Haruki Murakami (1Q84, Kafka sur le rivage, La course au mouton sauvage...), allie l’ordinaire et l’extraordinaire, réalisme et fantastique. Il est ainsi souvent question de personnages solitaires, invisibles au monde, qui vont se révéler à eux-mêmes et aux autres en arpentant des rives insoupçonnées. C’est ce qui a intéressé le réalisateur franco-américain d’animation Pierre Földes, connu pour ses courts-métrages expérimentaux.

Thomas Baurez
Crazy Bear (Cocaine Bear) - affiche
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Crazy bear

En septembre 1985, Andrew Carter Thornton II ancien agent des stups passé de l’autre côté de la barrière, met son avion sur pilote automatique et balance au-dessus de la Géorgie plusieurs sacs de sport contenant des dizaines de kilos de cocaïne. Puis il saute à son tour : pas de chance, son parachute se bloque et Thornton s’écrase au sol comme une pierre. Deux mois plus tard, un ours découvre l’un de ses « colis » et en dévore une partie. L’ursidé décède une vingtaine de minutes après l’ingestion.

François Léger
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Un varon

Dans ce foyer de Bogotá, les visages et les corps sont marqués par la rue et ses vices tentaculaires : armes, drogue, sexe. Dans cette ambiance captée par une photographie remarquable, les stéréotypes sont flagrants, mais singulièrement parlants. Leur exacerbation donne à voir la construction du mécanisme de la masculinité, ses codes et ses injonctions. Carlos pourrait s’y conformer parfaitement. Et pourtant, celui qui se fait appeler « frère », « mec », fait tache par sa fragilité et sa vulnérabilité qui subliment l’écran.

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Sage- homme

Depuis la mort de sa mère d’un cancer, Léopold a voulu devenir médecin et tombe de haut au concours d’entrée de la fac quand son classement le conduit à intégrer par défaut l’école des sage- femmes.

Thierry Chèze
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Vous avez dit un lion ? Davantage gros chaton, ce félin n’a d’autre utilité que d’embellir le titre. Il est l’acolyte de trois crapules : Jasper, Casper et Jonathan. Leur passe-temps ? Voler les habitants de Cardamome. À la fois bandits et souillons, ils décident d’enlever Sophie afin qu’elle soit leur femme de ménage. Pas sûr que le postulat de départ soit des plus habile…Si seulement le message final de tolérance parvenait à le dépasser. L’animation, elle, par contre, surprend par sa fusion de décors en volume et de personnages numériques. Une illusion de stop-motion réussie.

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Houria

Alger. Houria, une jeune danseuse, est promise à un avenir glorieux. Jusqu’au soir où elle est agressée par un brun ténébreux qui roule des mécaniques. Elle chute dans les escaliers, se brise quelques os, atterrit à l’hôpital, perd l’usage de la parole. Impossible ici de ne pas penser au populaire En Corps de Klapisch, sorti l’année dernière. Lui aussi racontait une histoire de danse, d’identité et de résilience. Mais la comparaison s’arrête là. Mounia Meddour, cinéaste qui a fui ses terres maghrébines à dix-sept ans, signe un nouveau film sur l’Algérie.

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Adios entusiasmo

Au cœur d’un grand appartement, trois sœurs et leur petit frère vont et viennent entre le salon, la chambre et la salle de bain autour de discussions banales sur la vie et l’amour. Sauf qu’un problème réside : la mère, invisible, est enfermée dans une pièce annexe, où seule sa voix se fait entendre. Dans ce premier long-métrage aux relents surréalistes, le cinéaste argentin Vladimir Durán dresse le portrait d’une famille ordinaire qui se parle sans s’écouter et qui se regarde sans se voir, sans que personne ne se soucie réellement de ce qui arrive à la figure maternelle.

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A pas aveugles

Il y a quelque chose d’effroyable et de saisissant à voir ces images défiler à l’écran. Comme si l’on voulait, dans un même geste, fermer les yeux et entrouvrir un demi-mini-œil voyeuriste. Là, devant nous, des déportés circulent (survivent) dans les camps de concentration et d’extermination nazis. À Dachau, Buchenwald, Mittelbau-Dora, Ravensbrück et Auschwitz-Birkenau. Depuis plus de quinze ans, le réalisateur et documentariste français Christophe Cognet scrute les photographies prises en secret par quelques prisonniers de l’enfer.

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Emily

C’est un film qui donne l’impression d’avoir été conçu dans la foulée des Filles du Docteur March version Greta Gerwig. Littérature, sororité, place des femmes dans l’histoire des arts… L’époque, post-MeToo, se pose des questions et se tourne vers les grandes héroïnes du XIXème siècle, Jo March ou Emily Brontë, pour mieux y répondre. Mais Emily est tout sauf un film de circonstance. C’est au contraire un dream project que nourrit depuis longtemps son autrice, l’actrice Frances O’Connor (croisée dans Mansfield Park ou A.I.

Frédéric Foubert
Toute la beauté et le sang versé
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Toute la beauté et le sang versé

Connue pour ses portraits sur le vif d’Edward Snowden (Citizenfour) ou Julian Assange (Risk), Laura Poitras croque dans son nouveau docu (Lion d’or à la dernière Mostra) la grande Nan Goldin, photographe mythique de l’underground US.

Frédéric Foubert
Scream 6 : affiche française
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Scream VI

L’idée la plus forte de ce Scream VI n’est pas de dépayser la franchise à New York : le film a été tourné à Montréal, et ne propose de fait aucun point de vue sur la ville réduite à un plan d’ensemble en ouverture et à une scène de métro (très sympa, ceci dit). Non, la vraie bonne idée, c’est de sortir un an après que le reboot de la franchise avec le cinquième Scream. Un an seulement, et déjà !

Sylvestre Picard
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Femme de mère en fille

Trois générations. Trois femmes. Valérie Guillaudot est l’une d’elle, et nous offre un premier long métrage autobiographique lourd de sensibilité. Cette quête familiale, elle l’introduit par Marie, la grand-mère, enfermée par sa condition de femme dans un milieu catholique. Odile, la mère, en était à l’antipode. Une opposition qui l’amène à travailler, à entretenir une relation amoureuse avec Juliette. Cette liberté, cette aversion pour le domestique, elle les transmet à sa fille, Valérie, qui a longtemps envisagé la vie de famille comme une cage.

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Music

Chouchoute des festivals, l’allemande Angela Schanelec (déjà Ours d’argent de la réalisation en 2019 pour J’étais à la maison… mais) a vu sa collection de trophées s’agrandir avec le prix du scénario, glané par Music lors du dernier festival de Berlin. Une récompense étonnante tant si le film a des qualités indéniable de mise en scène, puissante, précise, avec un dépouillement qui évoque l’œuvre de Bresson, cette variation autour du mythe d’Œdipe se complait dans un récit elliptique.

Thierry Chèze
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Toi non plus tu n'as rien vu

C’est un sujet tabou qu’explore Béatrice Pollet (Le Jour de la grenouille) dans son deuxième long. Le déni de grossesse qui a conduit, après son accouchement soudain, son héroïne - une avocate, bien dans sa vie - à abandonner son nouveau- né sur un container. L’enfant sera sauvé mais la maman malgré elle accusée de tentative d’homicide et défendue par sa meilleure amie. La réalisatrice évite le piège du film à sujet par son écriture en profondeur du personnage principal et de l’exploration des racines – multiples et complexes – de ce geste que personne autour d’elle ne comprend.

Thierry Chèze
3 Tengo suenos electricos

A chaque mois ou presque, son récit initiatique. Celui nous entraîne au Costa Rica avec comme héroïne une ado de 16 ans qui, alors que ses parents se séparent, choisit d’aller vivre chez son père, artiste bohème, semblant lui- même vivre une seconde adolescence. Un personnage passionnant car, derrière sa jovialité attachante, va vite poindre sa vraie nature, bien plus cassante et violente, que la cinéaste réussit à raconter sans jamais la montrer frontalement par des coups.

Thierry Chèze
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Seule: Les dossiers Silvercloud

Une ex-agent du renseignement (Asia Argento), retirée dans un chalet en Suisse est brutalement mise sous pression. Seule est le genre de film où les personnages passent leur temps devant des ordis à faire semblant de tapoter des noms de code compliqués. Outre la ringardise des effets, on n’est jamais pris par cette histoire et ce d’autant moins que la mise en scène peinant à se montrer à la hauteur des enjeux.

Thomas Baurez
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Nayola

Drôle de film que cette odyssée chamanique animée en Angola, qui fait le grand écart entre deux époques, 1995 et 2011, en suivant les trajectoires violentes de deux jeunes femmes -la première plongée dans les dernières années de la terrible guerre civile angolaise, la seconde luttant contre le pouvoir à l'aide du rap.

Sylvestre Picard
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Et l'amour dans tout ça ?

Dans une banlieue chic du Royaume-Uni, Zoe, une documentariste trentenaire en mal d’amour, filme son ami d’enfance et voisin, Kaz, un grand barbu mou et raisonnable, qui a opté pour un mariage arrangé (« un Tinder 3.0 », dit-il) avec une jeune Pakistanaise. Rien de nouveau ici sous le soleil. Et l’amour dans tout ça est une pure comédie romantique, avec tous ses archétypes vus et revus, sa musique (trop) mielleuse et sa gravité feinte.

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En toute liberté- Une radio pour la paix

Deuxième volet d’une trilogie documentaire consacrée à « La vie après Daech » après 9 jours à Raqqa, En toute liberté plonge dans le quotidien d’une troupe de journalistes radio de différentes confessions religieuses, au cœur de territoires anciennement dominés par l’État Islamique dans le Kurdistan irakien. Si les témoignages se révèlent touchants, Xavier de Lauzanne choisit de les traiter au cas par cas, dans un cadre scolaire surplombé par une voix-off superflue.

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En plein feu

Le deuxième long en solo de Quentin Reynaud (après l’excellent 5ème set sur le monde du tennis) porte bien son nom. Car c’est au cœur d’un feu géant ravageant les Landes que sa caméra nous entraîne. Une ambiance aussi étouffante que fascinante que le cinéaste sait parfaitement traduire à l’écran avec son chef op’ Vincent Mathias (Au revoir là). Il y a là matière à un film apocalyptique presque sans parole.

Thierry Chèze
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Comme une actrice

Après plusieurs courts autour du désir féminin, Sébastien Bailly passe au format long en continuant à l’explorer mais en passant par le prisme du genre. Son héroïne (Julie Gayet, toute en subtilité), comédienne quinquagénaire, larguée par son mari, metteur en scène de théâtre pour une plus jeune qu’elle, y ingurgite en effet un mystérieux élixir et se métamorphose en cette nouvelle amante. Une fois, deux fois… avant de devenir accro à ce jeu dangereux dont elle ne va cesser de repousser les limites.

Thierry Chèze
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Christophe... définitivement

Christophe est parti un jour d’avril 2020, victime de cette saloperie de COVID. Ses disques, survivent évidemment à ce génie passé du yéyé à l’électro, sans se départir de sa classe folle et de sa belle bizarrerie. Mais comment se faire à cette idée que plus jamais on ne le verra sur scène dans ses concerts d’une beauté si singulière que chacun semblait un prototype éphémère ? Dominique Gonzalez-Foerster et Ange Leccia (plasticiens et vidéastes auxquels il avait appel lors de son retour sur scène en 2002) parviennent à combler ce vide avec leur documentaire.

Thierry Chèze
The Whale
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The Whale

Peut-on voir The Whale autrement que comme le mélo bouleversant à Oscars qu'il affirme être ? Peut-il être autre chose, en fait ? Pas vraiment. Voilà donc un acteur livrant une performance labélisée définitive dans un huis clos littéraire et larmoyant, adapté d'une pièce de théâtre racontant le crépuscule d'un prof de lettre obèse se tuant à coups de junk food dans son appart...

Sylvestre Picard
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Women talking

Inspiré d’un roman de l’auteure canadienne Miriam Toews, qui elle-même se basait sur des faits réels survenus dans une communauté chrétienne fondamentaliste en Bolivie, ce nouveau long-métrage de Sarah Polley en tant que réalisatrice (Loin d’elle, Take this Waltz) joue à plein la carte de l’isolement. Isolement spatio-temporel, d’abord, puisqu’il est impossible dans les premiers instants d’avoir une idée précise de l’époque où les faits sont censés se dérouler.

Thomas Baurez
Mon crime : affiche
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Mon crime

Carburant au rythme d’un film par an, François Ozon n’aime rien tant que butiner de genre en genre. Mais depuis 8 femmes, il prend plaisir à revenir régulièrement à ce type de comédies, tirées de pièces de théâtre, et portées par des personnages féminins aussi puissants que hauts en couleur, qu’il adapte dans une mise en scène à l’hyperstylisation assumée. Ce fut le cas de Potiche et donc  de cette libre adaptation d’une pièce de Georges Berr et Louis Verneuil (dont Wesley Ruggles s’est emparé en 38 avec La Folle Confession).

Thierry Chèze