ATTENTION, cet article contient des spoilers sur Man of Steel.Il y a une branche complètement futile de la science qui consiste à calculer des choses comme le coût de construction de l'Etoile de la mort dans la Guerre des étoiles : le même genre de scientifiques vient de s'attaquer à Man of Steel. En effet, dans le dernier tiers du nouveau et spectaculaire film Superman, le général Zod cherche à ravager la Terre à l'aide d'une "Machine à gravité" aux effets destructeurs... La fin du film est particulièrement destructrice : la ville de Metropolis subit des dégâts à très grande échelle avant que Superman (Henry Cavill) ne mette une tannée à Zod (Michael Shannon).L'expert en catastrophes Charles Watson (un descendant du fameux médecin ?) et son équipe d'analystes ont cherché à savoir quels seraient les effets d'une telle machine "pour de vrai" en plein New York ou Chicago. Et ils ont publié les résultats sous la forme d'un faux éditorial supposément écrit par Perry White (joué par Laurence Fishburne), rédacteur en chef du journal Daily Planet où travaille Lois Lane (Amy Adams).Au moins "129 000 morts recensés, plus de 250 000 disparus (dont la plupart ont de grandes chances d'être morts) et près d'un million de blessés". L'impact de la Machine "serait semblable à la détonation aérienne d'une bombe nucléaire de 20 kilotonnes en termes d'onde de choc, mais sans les radiations ou la chaleur." Coût économique des dégâts : 700 milliards de dollars, et 2 000 milliards supplémentaires sur le long terme... L'analyse nous rappelle que les attentats du 11 septembre 2001 ont causé 2 996 victimes dès l'attaque, dont les dégâts immédiats ont été chiffrés à 55 milliards, et un coût à long terme de 123 milliards. Une comparaison un peu de mauvais goût ? Déjà, une catastrophe ne se mesure pas qu'au nombre de morts. Et il y a une énorme différence entre les victimes du 11-septembre et celles de Man of Steel : les premières sont réelles, et les secondes fictionnelles (comme nous l'a rappelé Shannon). Mais Watson, conscient de cela, est un peu choqué par le fait que Man of Steel, à la différence d'Avengers, n'évoque pas l'après-catastrophe et ne parle pas des victimes ou des conséquences des attaques malgré le réalisme des effets spéciaux. "Je me demande si cela ne reflète pas la façon dont on voit les catastrophes et surtout les guerres", s'interroge Watson. "Peut-être que cela les dépersonnalise et nous rend un peu plus insensibles."Il y a un an, Watson et son équipe avaient déjà évalué les dégâts de l'invasion des aliens Chitauri d'Avengers à une somme comprise entre 60 et 70 milliards de dollars (et 90 milliards supplémentaires sur le long terme). Grâce à "des outils de simulation précis créés après l'attaque du Japon par Godzilla", précisait la note en PDF d'analyse de la catastrophe d'Avengers, petite merveille d'humour pince-sans-rire qui rappelait également "les jurisprudences causées par l'invasion de Gozer stoppée par les Ghostbusters en 1984" et le fait que "la présence d'entités surnaturelles comme Thor ou Loki, considérées comme des divinités dans certaines cultures, pourraient faire jouer la clause "acte divin" des polices d'assurances".Et que faisait Superman pendant ce temps ? Le scénariste David S. Goyer a justifié l'attitude de l'homme d'acier dans un entretien au site BleedingCool : "Nous espérons avoir montré que Superman n'est pas un dieu. Nous disons qu'il est une figure divine mais il n'est pas tout-puissant. Même dans les comics il ne pouvait pas sauver tout le monde", a expliqué Goyer. "Clairement des centaines voire des milliers de personnes meurent alors qu'il essaie de stopper la Machine à gravité. Quand vous devez vous occuper d'une telle menace, il y a des dommages collatéraux." En résumé, même Superman n'est pas tout puissant et même la fiction a ses limites.Notre avis sur Man of Steel, en salles demain mercredi 19 juin.Bande-annonce :