Affiches Films à l'affiche semaine du 25 septembre 2024
Le Pacte/ Pathé/ ARP

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MEGALOPOLIS ★☆☆☆☆

De Francis Ford Coppola

L’essentiel

Miraculé, le nouveau film de Francis Ford Coppola flirte avec toutes les limites. Complètement fou, pour le meilleur et surtout pour le pire.

 

La voilà enfin, l'arlésienne de Francis Ford Ford Coppola, ce film fantasmé il y a près de 40 ans et dont la colonne vertébrale consiste à calquer la chute de l’empire américain sur celle de l’Empire romain : à New Rome, sorte de New York futuriste, César Catilina, architecte de génie capable d'arrêter le temps, s’écharpe avec le maire archi-conservateur Franklyn Cicero. Tour à tour péplum, comédie, film politique ou d'anticipation... Megalopolis déborde de toute part, vomissant des effets spéciaux numériques d’un autre âge. Coppola s’est donné pour mission de repousser les limites de la forme au cinéma, mais ses expérimentations visuelles et narratives ne parviennent jamais à masquer un propos d’une naïveté confondante, opposant l’imagination des artistes à la tiédeur d’hommes incapables de rêver assez grand pour sauver l’humanité. Un discours manichéen rabâché ad nauseam, qui entraîne le film vers sa propre chute.

François Léger

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

VIVRE, MOURIR, RENAÎTRE ★★★★☆

De Gaël Morel

Gaël Morel l’a bien compris : peu importe que des thématiques aient déjà été abordées au cinéma tant que le regard peut être renouvelé et engendrer une œuvre puissante. En l’occurrence ici l’histoire d’un triangle amoureux - un couple avec enfant avec un photographe – percuté par le surgissement dévastateur du sida dans les années 90. Le cinéaste filme ces émotions comme si on les vivait pour la première fois et réussit un mélodrame d’autant plus bouleversant qu’il est tout entier tourné vers l’espoir et la consolation et s’appuie sur un trio étincelant : la renversante Lou Lampros et les radieux Théo Christine et Victor Belmondo qui crèvent littéralement l’écran et offrent à ces êtres passionnés une incarnation brûlante qui les transforme en inoubliables compagnons de vie.

Damien Leblanc

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PREMIÈRE A AIME

EMMANUELLE ★★★☆☆

De Audrey Diwan

Après son Lion d’Or pour L’Evénement, Audrey Diwan s’attaque à Emmanuelle, personnage passé à la postérité au cœur des 70’s quand Just Jaeckin s’en est emparé avec le triomphe en salles qu’on connaît. Autre temps, autres mœurs… On n’avait donc pas forcément anticipé son retour au cœur des années 2020, dans une époque post #metoo. La première gageure d’Audrey Diwan tient dans le pacte qu’elle entend passer d’emblée avec ses spectateurs : oubliez tout ce que vous savez d’Emmanuelle. La deuxième se situe dans son angle choisi pour raconter cette histoire : le parcours d’une femme à la recherche d’une jouissance sexuelle qui la fuit. Main dans main avec son interprète Noémie Merlant – une fois encore impressionnante – Audrey Diwan va au bout de ses parti pris, fuit toute concession et reste toujours au plus près de cette femme se réappropriant son corps. Et il y a un panache certain dans ce geste clivant.

Thierry Cheze

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MOTHER LAND ★★★☆☆

De Alexandre Aja

Mother Land est donc d’abord un bon film-concept, du style que l’on fait pour se faire remarquer, ou, mieux, pour se donner un genre. Nous sommes dans une baraque paumée dans une forêt southern gothic où rôdent d’affreux esprits sataniques. Pour protéger ses deux enfants, une femme (Halle Berry, toujours au top) ne peut sortir de la maison en « bois sacré » qu’une fois reliée à celle-ci à l’aide d’une solide corde… C’est un film de survie, qui ressemble beaucoup à une version bis du Village : comme le grand film de Shyamalan, Mother Land se nourrit à la même source (La Quatrième dimension…), mais cherche plutôt le plaisir de la série B… jusqu’au moment où celle-ci craque, et prend des détours inattendus et réjouissants, au son d’un super score signé Rob.

Sylvestre Picard

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LE CŒUR QUI BAT ★★★☆☆

De Vincent Delerm

En 2019, Vincent Delerm passait pour la première fois derrière la caméra avec Je ne sais pas si c’est tout le monde, un documentaire qui prolongeait son travail sur la mémoire au cœur de son parcours de chanteur depuis toujours. Avec un art de magnifier les petits riens qui constituent l’essence de nos vies par une poésie espiègle qu’on retrouve dans ce Cœur qui bat où il est parti à la rencontre de femmes et d’hommes de toute génération, anonymes comme célébrités, pour leur faire parler du sentiment amoureux. Et de comment une rencontre fugace peut bouleverser une existence, soit parce qu’elle est au départ d’une relation, soit parce qu’elle restera comme un regret qui jamais ne s’effacera. Soixante huit minutes de pure délicatesse où on a l’impression de se retrouver dans chacun de ses témoignages autour desquels Delerm crée en image et en musique le plus beau des écrins, en passeur inépuisable de l’intime qu’il est.

Thierry Cheze

RIVERBOOM ★★★☆☆

De Claude Baechtold

En 2002, un an après les attentats du 11 septembre, le jeune photographe suisse Claude Baechtold a accompagné sur un coup de tête deux reporters au cœur de l’Afghanistan alors plongé en pleine guerre. Une aventure qui paraît parfaitement irresponsable tant le garçon se sent au départ aussi qu’angoissé qu’inutile sur ce territoire en ébullition... Ayant retrouvé il y a quelques années les images vidéo de ce périple qu’il croyait perdues, Baechtold en signe un montage dynamique et burlesque où l’expédition journalistique de trois pieds nickelés européens se révèle pleine d’autodérision. Et si ce documentaire courait le risque d’offrir un point de vue nombriliste sur les tragédies vécues par le peuple afghan, la voix-off du cinéaste insuffle une poignante mélancolie à ces évènements datant d’il y a vingt ans. Comme une manière de redonner un soupçon d’innocence à un monde qui n’a cessé de sombrer depuis.

Damien Leblanc

LES BELLES CREATURES ★★★☆☆

De Guomundur Arnar Guomundsson

Alors que la violence s’accentue dangereusement chez les jeunes Islandais, Balli, 14 ans, en est un souffre-douleur : chaque jour, il subit l’acharnement brutal de ses camarades de classe. Puis arrivent Addie, Konni et Siggi, trois morveux qui voient en lui un animal blessé et le prennent en pitié… jusqu’à créer un véritable lien. Tout le charme du film réside là, dans cette représentation de l’amitié masculine, mélange d’humiliation et d'affection. Car en naviguant un monde qui les pousse à la cruauté dès leur plus jeune âge (avec un père ou bien absent, ou bien abusif), les quatre garçons se permettent des moments d’une tendresse saisissante : ils s’enlacent, communiquent, pleurent. Et au moment où le film semble atteindre son acmé, le récit prend un virage lorsque le rôle de protagoniste change de mains, introduisant au passage des éléments surnaturels, le tout avec une fluidité déconcertante.

Lucie Chiquer

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

VIÊT AND NAM ★★☆☆☆

De Truong Minh Quy

Le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul et ses films-rêves plaçant le sensoriel au cœur d’un processus d’envoûtement, ont fait des disciples. Ce Viêt and Nam rappelle le saisissement reçu à la découverte du très sensuel Blissfully Yours (2002) dont le générique (du moins le titre) arrivait comme ici à mi-parcours, une façon de décentrer notre rapport à l’espace et au temps. Nous suivons ici deux jeunes mineurs amoureux fous, chacun hantés par un père absent mort en soldat durant la guerre civile. L’esprit des défunts est insondable dès lors que les corps manquent à l’appel. Une quête est donc possible. Si la mise en scène caressante créait des ruptures (joli travail sur le son), le film s’enferme dans sa propre torpeur. Sinon on a vu une magnifique séquence finale et entendu l’une des plus belles répliques depuis longtemps : « Laisse la lumière allumée, je rêverai mieux ! » Rien que pour ça.

Thomas Baurez

AFTER ★★☆☆☆

De Anthony Lapia

Une soirée techno, une foule de trentenaires défoncés à la cocaïne et une jeune femme au yeux provocateurs qui ramène un presque inconnu chez elle pour tromper la solitude… A travers cette étude — qui se voudrait naturaliste ? — d’une teuf et de ses protagonistes, un premier long aux allures de mauvais clip musical, dans lequel les basses ne s’interrompent que pour laisser place à des dialogues embarrassants, malgré la toujours excellente Louise Chevillotte. Une seule question : pour quoi faire ?

Emma Poesy

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

L’HEUREUSE ELUE ★☆☆☆☆

De Franck Bellocq

Un casting convainquant, un pitch percutant (un jeune homme qui engage une chauffeuse Uber et la fait passer pour sa future femme afin de soutirer de l’argent à ses riches parents) et pléthore de quiproquos apte à créer situations absurdes… Sur le papier, L’Heureuse élue avait tout de la comédie efficace de la rentrée. Pourtant, entre les gags attendus et une intrigue qui ne dépasse pas la caricature classiste, rien ne prend et la comédie se délite en quelque chose d’évident et impersonnel.

Bastien Assié

WEEK- END A TAIPEI ★☆☆☆☆

De Georges Huang

L’Asie représente un marché incontournable pour l’Occident, et Luc Besson lui fait les yeux doux en produisant et scénarisant un film d’action comme il en existe mille, dont la seule singularité résiderait dans le lieu de l’action : Taipei donc. Comme son titre romantico-niais le laisse deviner, Taïwan n’est jamais plus qu’une toile de fond, une carte postale à peine filmée pour servir de décor à une vulgaire histoire de trafic mondial. Les méchants sont toujours les étrangers, battus à coup de grands coups de poings américains et courses en voiture super rapides, baladant les protagonistes entre la ville et la campagne, la tradition et la modernité… On sauvera Luke Evans, qui campe un agent de la DEA à bonne bouille, introduit dans le film par une scène d’action dans une cuisine de restaurant plutôt réussie. Mais cette minuscule percée tient plutôt de l’exception que de la règle dans Week-end à Taipei

Nicolas Moreno

 

Et aussi

Ma sacrée jeunesse, de Carly Blackman

Quartiers lointains 8 : Résistances, programme de courts métrages

Reprises

Bona, de Lino Brocka

Histoires d’Amérique : food, family and philosophy, de Chantal Akerman