Affiches Films à l'affiche semaine du 26 juin 2024
Pathé/ Paramount/ Disney

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LE COMTE DE MONTE-CRISTO ★★★★☆

De Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière

L’essentiel

Après avoir scénarisé les deux volets des Trois mousquetaires, Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte transforment Pierre Niney en Monte Cristo et réalisent un film d’aventure époustouflant. 

Depuis des décennies, ce roman de Dumas obsède le cinéma. Le problème du duo Delaporte-De la Patellière était donc simple : comment éviter d’en faire l’un de ces paquebots bien ouvragés et bien lisses, coincés entre plus-value culturelle et patrimoine poussiéreux ? D’abord revenir au livre. Tout est là, prêt à l’emploi (ce n’est pas une surprise si Monte Cristo a inventé le superhéros). Mais encore faut-il l’habiller de ses propres obsessions et, si possible le draper d’un peu de modernité. C’est ce que font Delaporte et de la Patellière, qui s’emparent de ce pur fantasme pour y injecter leur vision, du cinéma et un rythme staccatto. Leur film, fidèle au texte, à sa langue, épouse à merveille les soubresauts du récit. Sa folie, sa grandeur outrancière. Un peu comme les bons Rappeneau (auxquels on pense), ce Monte-Cristo n’a donc qu’un moteur : le mouvement. Et, dans le rôle-titre, Pierre Niney impressionne par son élégance et sa fluidité.

Gaël Golhen

Lire la critique en intégralité

PREMIÈRE A AIME

LES PISTOLETS EN PLASTIQUE ★★★☆☆

De Jean- Christophe Meurisse

Peut-on raisonnablement faire marrer avec un quintuple meurtre ? Persuadé qu’il y a de l’humain à décortiquer (et donc du rire à créer) derrière la glauquissime affaire Xavier Dupont De Ligonnès, Jean-Christophe Meurisse s’empare crânement du sujet à travers une comédie. Entre morbide et absurde, il transforme XXDL en Paul Bernardin, parti vivre sa meilleure vie en Argentine après avoir zigouillé toute sa famille. Constamment provoc’ mais rarement obscène, Meurisse va chercher dans la réalité ce qu’il y a de plus tordu pour l’amarrer à son propre univers déjà bien déjanté. Et sous ses airs de farce noire qui se paye la tronche d’une société accro aux true crimes et aux faits divers, Les Pistolets en plastique laisse transparaître une réflexion bien plus profonde sur la définition d’un monstre.

François Léger

Lire la critique en intégralité

LA FAMILLE HENNEDRICKS ★★★☆☆

De Laurence Arné

Mère d’un fils qui la tanne pour partir vivre chez son père, Justine est en couple avec Ludo, lui- même père d’un autre enfant, dans un quotidien bien plus apaisé que sa première relation mais où les galères de thune s’accumulent. Et alors que tout semble partir définitivement à vau l’eau, Justine décide d’embarquer sa tribu dans un road trip vers l’Atlantique, histoire de resserrer les liens… Le terrain de jeu de ce premier long est indéniablement balisé : les familles atypiques, plus décomposées que recomposées. Mais au lieu de forcer à tout prix une singularité factice, Laurence Arné a eu la belle idée d’épouser l’univers des pépites indés US du genre qu’elle adore comme spectatrice. Des influences assumées et parfaitement digérées à l’intérieur desquelles dans le rôle du beau- père tendre, on redécouvre un Dany Boon, sorti de sa zone de confort. Pour un résultat diablement attachant.

Thierry Cheze

LE MOINE ET LE FUSIL ★★★☆☆

De Pawo Choyning Dorji

Pourquoi un moine voudrait-il se procurer un fusil ? Avec une telle question pour fil directeur, Le Moine et le fusil multiplie les couches d’humour et de complexité dans son récit situé en 2006 au Bhoutan, pendant la tenue des premières élections démocratiques du pays, alors même qu’il s’ouvre à la mondialisation… Suspense et comique s’y renforcent mutuellement et il s’en dégage un regard complexe sur le processus démocratique, paradoxalement imposé à une population qui semblait bien vivre sans jusqu’alors. Mais c’est lorsque Le Moine et le fusil assume pleinement sa dimension fabuleuse qu’il devient irrésistible, en se moquant avec malice de la mondialisation et prônant à la place un discours quasi-spirituel, anti-armes et anti-guerre.

Nicolas Moreno

LEON ★★★☆☆

De Andi Nachon et Papu Curutto

L’histoire pourrait paraître cousue de fil blanc. Celle du deuil semé d’embûches de Julia qui vient de perdre sa compagne Barby avec qui elle avait ouvert un restaurant et dont le père de son fils, absent depuis leur rupture, fait son retour pour le récupérer. Sauf que pour leur premier long, les argentins Andi Nachon et Papu Curotto ont eu la belle idée de bousculer la linéarité de leur récit, de distiller des aller- retour entre présent et passé pour faire perdre aux spectateurs ses repères mais surtout le plonger dans la confusion qui règne à l’intérieur du crâne de son héroïne, bousculée entre la difficulté de faire son deuil et la nécessité de trouver au plus vite un moyen de rebondir, quitte à revendre ce qu’elle et Barby avaient construit ensemble. La finesse de l’écriture des personnages (notamment une belle- mère et un ex, sur lesquels notre regard évolue en même temps que celui de Julia) fait le reste. Une réussite.

Thierry Cheze

CAMPING DU LAC ★★★☆☆

De Eléonore Saintagnan

« Il m’est arrivé un drôle de truc que j’aimerais bien vous raconter.» C’est avec un ton faussement inoffensif qu’Éléonore Saintagnan, interprète de son propre personnage dans ce film aux airs de documentaire, entame son récit. La quadra, grands yeux bleus et air poupon, décide de partir en bord de mer pour se ressourcer. Sa voiture, tombée en panne au beau milieu de l’autoroute, en décide autrement. La voilà échouée au camping du Lac, où vivent une poignée de résidents à l’année. Les premières minutes laissent craindre les pérégrinations d’une Parisienne à la campagne : c’est tout le contraire qui se produit. La réalisatrice s’inspire d’une légende locale et en profite pour dresser le portrait des habitants. Cette balade méditative d’une grande délicatesse est enrichie tout du long par une bande son de musique électronique, avant de se conclure par un émouvant concert de la chanteuse Rosemary Standley et son père, également père et fille dans le film.

Emma Poesy

Retrouvez ces films près de chez vous grâce à Première Go

PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

KINDS OF KINDNESS ★★☆☆☆

De Yorgos Lanthimos

Lánthimos retourne à sa misanthropie originelle et ausculte avec humour noir les recoins sales et paradoxaux de l’esprit humain. Ce film à sketches fait se croiser les habitués Emma Stone, Willem Dafoe et Margaret Qualley (tous impeccables), ainsi que le petit nouveau de la bande, Jesse Plemons (prix d’interprétation masculine à Cannes). Chaque acteur joue à chaque fois un rôle différent dans trois histoires ressemblant à des épisodes arty et incongrus de La Quatrième dimension, qui se rejoignent sur les thématiques de la manipulation mentale, de l’emprise et de la dépendance. Sujets passionnants que Lánthimos traite comme un sale gosse, potards à 11 pour le meilleur - quelques passages hilarants - comme pour le pire - la durée impensable de 2 h 45.

François Léger

Lire la critique en intégralité

SANS UN BRUIT: JOUR 1 ★★☆☆☆

De Michael Sarnoski

Le pitch de la saga Sans un bruit étant du genre minimaliste, les plaisirs que ces films procurent sont, à la longue, assez limités : combien de fois encore pourra-t-on regarder des personnages avancer à pas de loups, faire un bruit malencontreux, avant qu’une bestiole à l’ouïe surdéveloppée ne surgisse pour les bouffer tout cru ? Les deux premiers films semblaient avoir épuisé le concept. Ce nouvel épisode, un prequel se concentrant sur de nouveaux personnages promettait d’étendre la mythologie de la série en remontant au « jour 1 » de la catastrophe et en expliquant, comme dit la tagline sur l’affiche, « comment le monde est devenu silencieux ». Sauf qu’une fois passée sa mise en place réussie, il se contente de rejouer les figures imposées de la saga, s’emploie à alterner mécaniquement les moments de tension dans des scènes au sentimentalisme appuyé. On peut y prendre du plaisir certes mais à condition de ne pas se demander pourquoi c’est cette histoire très sommaire qui a eu les honneurs du « jour 1 ».

Frédéric Foubert

Lire la critique en intégralité

IN WATER ★★☆☆☆

De Hong Sang- soo

Tout est flou à l’image. La coquetterie visuelle s’assume jusqu’au bout et vient illustrer de façon littérale les doutes du protagoniste. Jeju est, en effet, un cinéaste qui a embarqué un duo d’acteur dans une station balnéaire pour tourner un film, mais l’inspiration fait défaut. Alors en attendant, il mange, il boit et surtout il discute. De tout et des petits rien qui font tout. Puis sur la plage avec les rochers et les touristes, quelque chose s’éclaire. Ça tourne. Toujours flou à l’image. Puis Jeju s’assoie près de ses interprètes et évoque une séquence qu’il voudrait mettre en place, une histoire d’un monde à l’autre et d’un homme, entre les deux, qui s’enfoncerait dans la mer pour disparaître. L’eau du titre en somme. C’est simple, pas très long et toujours flou. Le sud-coréen Hang Sangsoo, assurément le cinéaste le plus productif en activité (deux longs par an en moyenne), tourne même quand il n’a pas grand-chose à dire. Chapeau l’artiste !

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

L’ENFANT QUI MESURAIT LE MONDE ★☆☆☆☆

De Takis Candilis

Un riche promoteur immobilier parisien apprend le décès de sa fille en Grèce, son pays d’origine, et, dans le même temps, qu’il est le grand-père d’un petit garçon atteint d’un syndrome autistique. Un mélo sous le soleil, prévisible et peu convaincant sur cette rencontre improvisée entre deux membres d’une même famille, auquel Takis Candilis - ex directeur de la fiction sur TF1, qui renoue avec la réalisation 42 ans après son premier long - a jugé bon de greffer de manière assez artificielle les enjeux socio-économiques de son pays.

Emma Poesy

 

Et aussi

Joan Baez : I am a noise, de Miri Navasky et Karen O’Connor

Vas-tu renoncer ?, de